Mediator : plus de 500 morts et 3500 hospitalisations
Sébastien Rochat - - 0 commentairesLes chiffres étaient donc les bons. Un mois après les révélations du Figaro sur les dégâts du Mediator, médicament coupe-faim, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) confirme les premières estimations d'une enquête de la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie) : le médicament distribué par les laboratoires Servier entre 1976 et 2009 aurait fait plus de 500 morts (fourchette basse de l'estimation) et donné lieu à 3500 hospitalisations pour des lésions des valves cardiaques.
Dans un premier temps, l'Afssaps et Servier avaient tout fait pour minimiser ces chiffres et discréditer tous ceux qui osaient parler de catastrophe sanitaire. Le livre d'Irène Frachon, Mediator, combien de morts ? qui dénonçait l'inertie des autorités sanitaires, était passé à la trappe suite à l'intervention de Servier. L'Afssaps elle-même avait tenté de noyer le poisson quand Le Figaro avait sorti les premiers chiffres. |
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Un mois plus tard, les autorités sanitaires sont donc forcées de reconnaître l'ampleur d'un "désastre sanitaire" pour reprendre l'expression du Dr Irène Frachon, qui exprime aujourd'hui son "soulagement" que la vérité sorte enfin. Le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a demandé au directeur général de l'Afssaps de lui faire un point ce mardi sur le Mediator. Car une question s'impose : pourquoi avoir attendu aussi longtemps, en France, avant de l’interdire ? La molécule du Mediator - le benfluorex - avait été interdite dès 1997 aux Etats-Unis. En France, près de 300 000 personnes continuaient à en prendre quand le médicament a été retiré du marché en 2009.
A l'occasion de notre enquête, quand on avait interrogé le député socialiste, Gérard Bapt, rapporteur spécial de la mission santé de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, celui-ci n'excluait pas un possible conflit d'intérêts pour expliquer la réaction tardive de l'Afssaps, "autorité indépendante"... entièrement financée par les labos.
Si vous voulez savoir comment le laboratoire Servier a tout fait pour étouffer l'affaire, relisez notre enquête : "Mediator, autopsie d'un silence mortel"