Affaire Bettencourt : Le Monde porte plainte et vise l'Elysée

Dan Israel - - 0 commentaires

Nouveau rebondissement spectaculaire dans les méandres de l'affaire Woerth-bettencourt. Le Mondea annoncé à la mi-journée sur son site internet qu'il allait "déposer une plainte contre X pour violation du secret des sources". Et le quotidien vise explicitement l'Elysée.

Samedi, le site du Nouvel Observateur révélait qu'une discrète enquête avait été demandée à des hauts responsables policiers, et notamment à Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur, pour identifier la source qui avait fait passer au Monde le procès-verbal de l'audition par la brigade financière, les 15 et 16 juillet, de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Dans son édition du 18 juillet, Le Monde en avait fait un article mettant en doute la stratégie de défense d'Eric Woerth, en titrant en Une : "Le principal collaborateur de Liliane Bettencourt met Eric Woerth en difficulté".

David Sénat, un collaborateur de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie avait été identifié comme la source potentielle, et envoyé en urgence se charger d'une "mission de préfiguration" de la cour d’Appel de Cayenne en Guyane. Le ministère de la Justice dément toute disgrâce et affirme que Sénat était demandeur d'une mutation.

Toujours est-il que Le Monde attaque aujourd'hui, dans un texte signé par la directrice de la rédaction Sylvie Kauffmann : "Les services de la DCRI, c'est-à-dire du contre-espionnage français, ont été mis à contribution hors procédure judiciaire, une quinzaine de jours avant qu'une enquête préliminaire ne soit ordonnée par le parquet de Paris, le 4 août. Ils ont d'abord cherché à cerner le profil de la source potentielle. Parmi les personnes qui pouvaient avoir accès aux procès-verbaux des auditions, ils se sont arrêtés sur un haut fonctionnaire, David Sénat, conseiller pénal de la garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie. Le téléphone administratif de ce dernier a fait l'objet de discrètes expertises techniques. Les identités des personnes ayant contacté ce membre de l'appareil d'Etat ont été remises à la DCRI par un opérateur téléphonique, sous forme d'un listing. C'est à cette occasion que le nom de Gérard Davet, journaliste au Monde, est apparu."

A noter, la DCRI ne se cache pas de ces pratiques, affirmant au journal qu'elles ont été mises en œuvre dans le cadre de sa "mission de protection des intérêts de l'Etat". Le Mondejuge qu'"en faisant mener une enquête par la police pour tenter d'identifier la source de notre journaliste, l'exécutif a donc clairement enfreint la loi relative à la protection du secret des sources des journalistes, dispositif qu'il avait pourtant renforcé par la loi du 4 janvier 2010". Et, par conséquent, entre à son tour dans l'arène judiciraire.

Mise à jour - 12h30 : Selon une dépêche AFP, l'Elysée dément "totalement" les affirmations du Monde, et assure n'avoir "jamais donné la moindre instruction" pour enquêter sur l'origine des informations du quotidien.

Le journaliste du Monde Gérard Davet était justement venu expliquer sur notre plateau ses méthodes et les tentatives du pouvoir d'étouffer l'affaire. Et si vous voulez connaître le rôle de son journal dans ce dossier complexe, relisez donc notre rattrapage "pour les nuls".

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