Presse : fin de "l'assistance respiratoire" ? (rapport)
Dan Israel - - Financement des medias - 0 commentairesVers la fin du "système d'assistance respiratoire permanente" des journaux français ? Un rapport commandé à la fin des Etats généraux de la presse, organisés fin 2008 à la demande de Nicolas Sarkozy, préconise de transformer le système des aides à la presse.
Elles coûtent plus d'un milliard d'euros par an à l'Etat, alors que la France est un des pays développés où la diffusion des quotidiens est la plus faible: 159 quotidiens pour 1000 habitants, contre 305 en Allemagne, et plus de 600 au Japon… Le sujet est hautement sensible dans les journaux, comme nous l'avons déjà souvent signalé.
Le rapport est disponible ici en PDF, et résumé sur plusieurs sites, par exemple celui du Nouvel Observateur. Son auteur, Aldo Cardoso, ex-président du cabinet d'audit Andersen, rappelle que les aides à la presse représentent 12% du chiffre d'affaires du secteur : 401 millions d'euros par an sous forme d'aides indirectes (taux de TVA réduit, exonération de la taxe professionnelle) et 626 millions sous forme d'aides directes, prêts ou dons permettant aux journaux de se moderniser, de développer leur diffusion, ou tout simplement de survivre, au nom du pluralisme. Et le constat est sévère: le rapport juge que le système permet aux journaux de ne pas chercher de "stratégies de redressement financier durable". Il enjoint carrément le gouvernement à "mettre un terme aux effets pervers de certaines aides publiques qui maintiennent la presse dans un système d'assistance respiratoire permanente".
Ces mots forts lâchés, le rapport ne propose cependant pas de supprimer toutes les aides, loin de là. Il cherche à les rendre "plus efficaces", notamment en conditionnant leur octroi à la mise en place de "stratégie d'innovationet de maîtrise des coûts", à coups "d'indicateurs objectifs" comme le taux moyen de réabonnement, les résultats financiers ou les effectifs dans les rédactions et les imprimeries.
Le rapport suggère de mettre en place ces mesures (relativement modestes puisqu'elles rapporteraient 200 millions d'euros par an à partir de 2016) dès l'an prochain pour les quotidiens nationaux.
Le texte n'oublie pas la presse en ligne, puisqu'il propose de l'inclure à l'offre lancée l'an dernier par le gouvernement, qui permet d'offrir un abonnement gratuit aux jeunes de 18 à 25 ans. Les sites d'info en ligne pourraient aussi, comme leurs équivalents papier, disposer d'une TVA réduite, de 19,6% à 5,5%. Mais seulement dans un avenir lointain : il faudrait que cette décision soit validée par les autres pays de l'Union européenne… Les propositions finalement retenues seront connues en octobre.