Haïti : pillage, réalité ou cliché ? (presse nationale)

Gilles Klein - - 0 commentaires

A la Une du Monde,  l'écrivain Laferrière dénoncait les mots "pillage" et "malédiction" (comme @si le signalait). Le débat rebondit dans la presse française nationale lundi.

"Des pillards se disputent un sac, à port-au-Prince samedi" c'est la légende de la grande photo qui barre la première double page de Libération mettant ainsi uniquement en valeur le "pillage" et semblant ainsi renforcer un cliché, pourtant dénoncé dans cette même double page par l'éditorial de Laurent Jofrin, son directeur :

"Se méfier de la condescendance : elle vient si facilement, sans même y penser, dans les jugements de ceux qui s’apitoient et qui aident. Le pays «le plus pauvre du monde» est en proie «à l’émeute» et au «pillage» : ces clichés ne sont pas loin de s’imposer. Or, le chaos qui règne à Port-au-Prince n’est pas, d’abord, le fait du peuple haïtien, qui fait montre dans l’épreuve d’une dignité hors du commun. Le «pillage» ? C’est surtout le moyen de survivre quand on n’a plus rien. L’impéritie des gouvernants locaux ? Mais aucune ville à ce point frappée par la catastrophe ne peut échapper au désordre. Il faut se souvenir des errements observés quand une ville située à 100 kilomètres de Rome a été frappée par un séisme en comparaison minuscule." estime Joffrin.

Une photo que l'on retrouve, ci-dessous à gauche, dans la double page du Figaro mais la légende différe de celle de Libération, Le Figaro est moins accusateur, plus prudent : "Des sinistrés se disputaient un sac de provisions, samedi, dans une rue de Port-au Prince."


En page de gauche de la première double consacrée à Haïti dans Le Parisien, une grande photo légendée "Port-au-Prince (Haïti), samedi. Au milieu des ruines d'un magasin détruit par le séisme, des habitants de la capitale récupèrent des vivres."


Légende prudente, mais la page de droite est plus directe "Voleurs et pillards lynchés par la population" tandis que la légende "Port-au-Prince (Haïti), hier. Attachés par des cordes, deux hommes gisent au milieu de la route après s'être fait lyncher par la foule car ils avaient tenté de voler une moto."


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