Chute mur : Juppé tronque sa vidéo
Sophie Gindensperger - - 0 commentaires Voir la vidéoAlain Juppé ne s'en sort plus de ses souvenirs de la chute du Mur de Berlin. Après avoir successivement affirmé qu'il y était le 10 ou le 11, puis le 9, puis peut-être le 16, l'ancien Premier ministre a décidé... de ne pas trancher, modifiant la note de son blog, et tronquant en catastrophe une video de son témoignage.
"9 novembre ou quelques jours plus tard ? Quelle affaire !", s'énerve Juppé dans une note de blog mise en ligne aujourd'hui. "Les personnes qui m’accompagnaient sont formelles : c’était le 9." Philippe Martel, qui avait géré ce voyage, a en effet expliqué à @si avoir été contacté lundi matin par le cabinet d'Alain Juppé, qui ne parvenait pas à se souvenir des dates. Martel, lui, nous a confirmé qu'il s'agissait du 9 novembre, accréditant la version produite sur sa page Facebook par Nicolas Sarkozy.
"Dans la “Tentation de Venise” qui remonte à 1993, je parle du 16, poursuit Juppé. Je ne me suis pas depuis replongé dans mes agendas de l’époque. Ce qui est sûr, c’est que j’ai bien vécu sur place ces instants extraordinaires, exactement comme je les ai décrits. Et ce qui me sidère une fois encore, c’est l’extrême violence de certaines réactions. Regardez les messages que j’ai mis en ligne. Il y a décidément quelque chose de déréglé, quand on ne sait plus faire la distinction entre l’essentiel et l’accessoire!"
Sous sa précédente note évoquant ses souvenirs de 1989, les commentaires ne sont en effet pas tendres. D'ailleurs, il l'a modifiée pour éviter la polémique : "Le 9 au soir (ou quelques jours plus tard, ma mémoire est imprécise sur la date exacte)", a-t-il ajouté. Avec un vrai souci du détail, puisqu'il a pris soin d'enlever la mention du 9 novembre jusque dans la vidéo dans laquelle il raconte ses pérégrinations berlinoises, a remarqué lepoint.fr. Ci-dessous la première version de la vidéo, à gauche, et la nouvelle version, à droite :
Evoqué dans la vidéo, l'ancien ministre Alain Madelin a lui aussi été interrogé par lepoint.fr. Il n'abonde pas dans le sens du 9 novembre. "C'est une plaisanterie ! C'était impossible de savoir le 9 qu'il fallait aller à Berlin. J'ai croisé en effet Alain Juppé sur le Mur le 10 ou le 11. Je n'ai pas le souvenir que Nicolas Sarkozy était là, mais il l'était probablement."
De son côté, lefigaro.fr a déterré un article (pdf) qui relate que Juppé se trouvait à Colombey-les-deux-Eglises, pour la traditionnelle cérémonie d'anniversaire de la mort de De Gaulle, le 9 novembre 1989. Puis, "dans l'édition du samedi 18 novembre 1989, Le Figaro rendait compte du voyage d'Alain Juppé «à Berlin dans la nuit de jeudi [16] à vendredi [17]». Une dépêche AFP datée du vendredi 17 novembre 1989 (pdf) ne disait pas autre chose, qualifiant son déplacement de «visite express». Le secrétaire général du RPR était «accompagné de Nicolas Sarkozy et Jean-Jacques de Peretti», indiquait la dépêche." Voilà qui accréditerait la date du 16 novembre : les compagnons de voyage sont exactement les mêmes que dans l'histoire de Martel...
Selon un conseiller en communication (anonyme) de Nicolas Sarkozy interrogé par 20minutes.fr, l'actuel président se serait rendu "deux fois à Berlin au cours du mois de novembre 1989. Une fois le 9 novembre 1989, plutôt en catimini, et une deuxième fois le 16 novembre 1989, pour la création, à l'époque, «d'une association, Solidarité avec les démocraties nouvelles»."
Tous les rebondissements du feuilleton "Sarkozy au mur de Berlin" sont fidèlement résumés dans la chronique de Daniel Schneidermann de ce matin.