Ruffin blacklisté aux Echos : les journalistes protestent
La rédaction - - Silences & censures - 0 commentairesUne phrase d'une chronique publiée sur le site des Echos a été retirée parce qu'elle évoquait François Ruffin, réalisateur de Merci Patron !, le film qui ridiculise le patron des Echos, Bernard Arnault. Le rédacteur en chef du journal dit vouloir faire "le moins de publicité possible" au tout nouveau député.
Le mathématicien Michel Broué, qui écrit régulièrement des chroniques pour Les Echos, est revenu ce 26 juin sur la polémique opposant Jean-Luc Mélechon et Cédric Villani, mathématicien élu lors des législatives sous la casquette En Marche (pour rappel : lors de son arrivée à l'Assemblée, Mélenchon a déclaré : "J'ai vu le matheux, je vais lui expliquer que c'est qu'un contrat de travail et il va tomber par terre", et Villani lui a répondu sur Twitter).
Comme il le raconte sur son blog, hébergé par Mediapart, son texte a été amputé d'une phrase. Et pas n'importe laquelle. La conclusion, où l'on pouvait lire : "J’espère de tout cœur que l’Assemblée Nationale acceptera la lavallière de Villani et la non-cravate de Ruffin." L'auteur s'est d'abord interrogé sur cette coupe, la première qu'il subit : "Bernard Arnault, propriétaire des Echos, était le sujet principal du film Merci Patron ! qui a rendu célèbre Ruffin. Serait-ce qu’il est interdit, dans un journal possédé par Bernard Arnault, de faire référence avec un égal respect à Cédric Villani et à François Ruffin ? Ou qu’un membre de la rédaction se sente obligé de l’interdire ? Est-il possible que là soit la raison de cette coupe ? Sérieusement ?"
Sérieusement, le rédacteur en chef du journal lui a confirmé, par mail que le député est bel et bien sur liste noire aux Echos, et qu'il faut éviter d'en parler. "François Ruffin passant le plus clair de son temps à dénigrer notre journal dans des termes qui ne sont pas de l’ordre du débat — légitime — mais systématiquement caricatural, nous nous efforçons de faire le moins de publicité possible à ce personnage."
Une pratique qui n'est pas du goût de la Société des journalistes du journal. Elle a manifesté en fin de journée son "indignation" face à cette "censure" dans un communiqué publié sur son tout nouveau compte Twitter, lequel semble avoir été créé pour l'occasion. La SDJ des Echos y rappelle "le caractére impérieux de l'indépendance de la rédaction" et "déplore que de tels agissements ternissent l'image du journal."
Les Echos avaient été obligés de parler du "personnage" Ruffin le soir de son élection, comme le matinaute le racontait. Son film Merci Patron ! avait même été cité.
L'occasion de revoir notre émission avec François Ruffin et Frédéric Lordon à l'occasion de la sortie du film Merci patron ! : "Mes inspirateurs ? Michael Moore et Michel Lafesse"
Mise à jour du 26/06/2017 à 18h26 : ajout de la réaction de la SDJ des Echos
(Par Hélène Assekour)