Chut, Trump déréglemente à tire-larigot ! (Les Echos)

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

On aurait tort de réduire les premiers mois de la présidence Trump à ses 

turpitudes. Car des dizaines de lois et réglementations votées lors des mandats précédents volent en éclats, comme le raconte la correspondante des Echos aux Etats-Unis, Lucie Robequain. Un détricotage opéré dans l’indifférence générale : "obsédés par les grands projets que sont la réforme de l'assurance-santé, la construction d'un mur à la frontière mexicaine et les baisses d'impôts, écrit la journaliste, les commentateurs laissent penser que Donald Trump n'a rien produit de tangible depuis son arrivée au pouvoir. C'est faux : son grand génie est de déréglementer le pays comme aucun président avant lui - dixit le très sérieux Wall Street Journal - sans susciter la moindre attention du public".

L’article paru le 15 mai dresse une liste non-exhaustive de cette déréglementation effectuée à tours de bras. Le domaine le plus touché ? L’énergie et l’écologie. Selon Robequain, "une dizaine de lois ont déjà été abrogées par la Maison Blanche. L'une interdisait aux entreprises charbonnières de déverser leurs résidus dans les cours d'eau. L'autre prohibait la commercialisation d'un insecticide produit par Dow Chemical (Chlorpyrifos), soupçonné d'endommager le cerveau et le système nerveux des fœtus". A cela s’ajoutent une quinzaine de réglementations bientôt passées à la trappe dont "la réductions d'émissions de carbone demandées à l'industrie automobile" ou "le droit des compagnies pétrolières de forer de nouveaux puits «offshore » en Arctique , ainsi que dans une trentaine de canyons sous-marins de l'océan Atlantique".

Mais l’éducation et la santé sont aussi dans le viseur de Trump. Ainsi "l'Etat fédéral n'a désormais plus aucun droit de regard sur les établissements scolaires". De même, "l'industrie agro-alimentaire a également obtenu la suppression des contraintes nutritionnelles que Michelle Obama venait d'imposer aux écoles. Celles-ci devaient réduire la proportion de sel et de graisses dans les déjeuners, et augmenter celle de fruits, légumes et céréales. Estimé à 3 milliards de dollars sur trois ans, le programme vient d'être jugé «trop coûteux» et supprimé, au grand bonheur des fabricants de pizzas et hot-dogs".

Comment ce dérèglement massif est-il possible en si peu de temps ? Grâce au Congressional Review Act, "dispositif qui permet d'abroger des mesures votées par les administrations précédentes à condition qu'elles n'aient pas été publiées depuis plus de 60 jours au «Journal officiel». La grande chance de Donald Trump est que l'administration procède rarement au dépôt officiel des nouvelles lois. Le délai de 60 jours n'est donc par définition, jamais atteint". Autrement dit, des centaines de réglementations, dont certaines datent des années 90, peuvent être ainsi démantelées – sous couvert tout de même d’un débat express au Congrès.

Et la liste est loin d’être terminée. La journaliste rappelle que les lobbys ont désormais un accès privilégié à la Maison Blanche. Le registre des hommes d’influence a purement été supprimé, et la loi votée sous Obama obligeant à respecter un délai de deux ans avant de pantoufler est partie elle aussi en fumée.

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