"Fausses infos" ? Berruyer répond au Decodex du Monde
La rédaction - - Intox & infaux - Nouveaux medias - 0 commentairesPasse d'armes entre le Monde et Olivier Berruyer. Le nouvel outil des Décodeurs pour vérifier la fiabilité des sites d'info, Decodex, a classé le blog "d'analyses économiques et géopolitiques" de Berruyer, les-crises.fr, comme site très peu fiable. Pour appuyer sa décision, le Monde s'appuie sur un billet de blog accusant Berruyer d'avoir utilisé une fausse citation de l'ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Mais dans un article de son blog, Berruyer réaffirme la véracité de sa citation - et fournit sa source.
Olivier Berruyer répond à Decodex. Comme le racontait @si, le blog "d'analyses économiques et géopolitiques" de Berruyer, les-crises.fr, a été classé en rouge par le nouvel outil des Décodeurs, qui classe les sites selon leur fiabilité. Le Monde reproche au blog de Berruyer "d'héberge[r] parfois des théories conspirationnistes, notamment sur la crise ukrainienne". La raison de cette classification ? Sur leur site "Verificator", les Décodeurs renvoient à un article d'un blog du Monde, "Crise et économie aux USA", tenu par un certain Onubre Einz. L'article d'Einz qui attaque Berruyer date de juillet 2014.
Article du blog les-crises.fr, 9 février 2017
Einz, qui avait auparavant écrit quelques articles pour le blog de Berruyer, sous son véritable nom, Bruno Zeni, reproche notamment à celui-ci d'avoir utilisé, dans un article sur les causes de la guerre en Ukraine, une fausse citation de José Manuel Barroso, à l'époque président de la Commission européenne. Dans la citation utilisée par Berruyer, Barroso déclarait : "Un pays ne peut à la fois être membre d’une union douanière et dans une zone avancée de libre-échange avec l’Union européenne". Une fausse citation qui, selon Einz, avait pour résultat d'imputer la responsabilité de la crise en Ukraine à l'Union européenne.
Dans un article de son blog, Berruyer a répondu le 9 février. La citation qu'il a utilisée, explique-t-il, provenait notamment d'une notice de Wikipédia et d'une dépêche datant de février 2013 sur le site UkrInform, agence de presse ukrainienne. UkrInform (que Berruyer avait cité en source dans son article originel) citait pour sa part l'agence de presse Associated Press (AP). Berruyer explique qu'en 2015, après le billet d'Einz, il avait contacté AP directement pour s'assurer que la dépêche – et la citation de Barroso – provenaient bien de leurs services. Le blogueur de les-crises reproduit une capture d'écran de la réponse d'AP, qui lui écrit, en français : "En effet, on a trouvé [la dépêche]. Elle existe donc". La dépêche originelle en anglais est aussi reproduite dans le mail. On peut effectivement y lire la citation utilisée par Berruyer (qu'il a traduite en français).
Par ailleurs, l'organe de communication du Conseil de l'Union Européenne a publié sur son site la conférence de presse du 25 février 2013. C'est au cours de cette conférence, qui faisait suite à un sommet réunissant l'Union Européenne et l'Ukraine, que Barroso a prononcé les mots repris par Berruyer. Barroso déclare lors de cette conférence de presse : "C'est à l'Ukraine de trouver le genre de relations qu'elle veut avoir avec notre partenaire russe. Nous devons être clairs sur un point : un pays ne peut pas être à la fois membre d'une union douanière et dans une zone de libre-"change avancée avec l'Union Européenne".
Si cette citation de Barroso n'a, semble-t-il, pas été reprise dans les médias français, on peut la lire dans certains médias russes (dont The Moscow Times, journal russe anglophone) et ukrainiens (parmi eux, l'agence UkrInform). Mais on trouve aussi cette citation dans un article en anglais du site de l'hebdomadaire allemand der Spiegel, qui traitait en novembre 2014 de la crise ukrainienne.
Màj 09/02/2017, 18h37 : Ajout de la vidéo de la conférence de presse durant laquelle Barroso prononce la fameuse citation.