Bolloré perd son procès contre Bastamag

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Et une défaite pour Bolloré. Le site indépendant Bastamag, poursuivi en diffamation par le groupe Bolloré pour un article sur l’accaparement des terres de l’industriel en Afrique et en Asie publié en 2012, a été relaxé (de même que Rue89 et les blogueurs ayant simplement relayé l’article incriminé).

Pour les juges, cette enquête présentait "incontestablement un caractère d'intérêt général." Poursuivis en diffamation par le groupe Bolloré pour un article publié en octobre 2012, Bastamag, son directeur de publication et ses journalistes ont été relaxés ce 14 avril par la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris.

L'article en question

Dans son jugement, le Tribunal souligne ainsi "le sérieux de l'enquête" et la "prudence dans l'expression" au regard de "l'existence d'une base factuelle suffisante pour étayer les propos poursuivis." Concernant Socfin, si le tribunal reconnaît que les sociétés citées dans l'article sont "juridiquement distinctes de la société Bolloré, et ne sont pas au sens du droit des sociétés, ses filiales (...) il n'en demeure pas moins qu'elle [la société Bolloré] est le plus gros actionnaire de Socfin." "La société Bolloré est perçue au même titre voire davantage que la Socfin comme l’interlocuteur naturel à la fois des personnes s’estimant lésées et des institutions internationales", ajoute le tribunal.

Cette décision, qui devait être rendue le 7 avril mais a été reportée d’une semaine, fait suite à l’audience tenue le 11 février dernier devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Une audience de neuf heures suivie par @si qui avait épluché le dossier à la fois sur le fond – l’accaparement des terres par une filiale de Bolloré, la Socfin, qui exploite des plantations d’hévéas et d’huile de palme en Afrique et en Asie – mais aussi sur la forme : les sites et blogs ayant seulement repris l’information pouvaient-ils être visés par la diffamation ? Parmi ces blogueurs se trouvaient un ébéniste dont l’article a été vu… 7 fois seulement. L’avocat du groupe Bolloré, Olivier Baratelli, demandait un euro symbolique. Sa demande a donc été déboutée.

Reste une série de procès en diffamation entamés par la Socfin avec la mise en examen récente de Mediapart, L’Obs et L’Express – toujours sur l’accaparement des terres – comme nous le racontions ici. A moins que la filiale de Bolloré ne renonce au procès. C’est la stratégie choisie par l’industriel dans sa plainte en diffamation envers une journaliste de Radio France, cette fois-ci pour un sujet sur le port d’Abidjan diffusé en décembre 2013 dans l’émission Trait pour trait sur France Culture. Le procès était fixé au 31 mars mais il a été annulé une vingtaine de jours auparavant. Pour quelle raison ? Sollicité à maintes reprises par @si, Baratelli ne nous a jamais répondu.

L'occasion de relire notre reportage : "Bolloré contre Bastamag, Rue89, et un blogueur ébéniste... dont l'article a été lu 7 fois"

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