Canal+ : les journalistes vont rédiger eux-mêmes une charte d'indépendance

Anne-Sophie Jacques - - Médias traditionnels - 0 commentaires

Six membres dont deux proches de Vincent Bolloré dans le tout nouveau comité éthique de Canal+… mais pas un seul journaliste maison. Du coup, ces derniers – qui avaient demandé en vain à faire partie de ce comité – ont annoncé qu’ils rédigeraient eux-mêmes la charte des droits et devoirs des journalistes de Canal+.

Ça s’appelle une rébellion : selon le site du Figaro, la Société des journalistes (SDJ) d’I-télé/Canal+ a décidé d’écrire elle-même la charte concernant l'indépendance des journalistes du groupe. Cette charte doit en principe être rédigée par les six membres du tout nouveau comité d’éthique de Canal+ mis en place sous pression du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) suite à l’audition de Vincent Bolloré en raison des soupçons de censures pesant sur lui – et notamment celle du documentaire sur le Crédit mutuel dont une des filiales est soupçonnée d’évasion fiscale, largement évoquée ici ou sur @si.

Pourquoi cette rébellion ? Dans un communiqué, la SDJ a déploré l’absence d’un journaliste du groupe dans ce comité, une demande formulée depuis trois mois et qui a essuyé un refus de la direction. La SDJ a alors insisté "pour être associée à la rédaction de la partie de la charte concernant l'indépendance des journalistes du groupe. Là encore la réponse a été négative. Ce refus a suscité notre déception et notre incompréhension" précisent les journalistes.

Selon Le Figaro, "la chaîne se serait justifiée sur cette absence de journalistes maison" en assurant que "le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'en aurait pas fait la demande". Stupeur de la SDJ qui "ne veut pas croire que le CSA, notre autorité de tutelle, considère qu'une charte concernant les journalistes de Canal+ puisse être rédigée sans nous". Résultat : les journalistes ont annoncé qu’ils rédigeront eux-mêmes cette charte qu'ils soumettront à la direction et au comité éthique dès que ce dernier se réunira.

Outre l’absence de journalistes du groupe, la composition de ce comité a été épinglée mardi dernier par BFMTV comme nous le racontions ici. En cause : la présence de deux proches de Bolloré, René Ricol, expert-comptable mais surtout "compagnon de route" du patron de Canal+, et Jean-Marie Colombani, directeur de Slate.fr, site qui fournit une page quotidienne à Direct Matin, propriété de Bolloré.

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