Le Monde retire une "vraie fausse" interview de Fleur Pellerin

Robin Andraca - - 0 commentaires

Oups. Le Mondea retiré ce matin une interview de la ministre de la Culture Fleur Pellerin, publiée par erreur sur le site du quotidien. Contacté par @si, le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, assure que cet article n'aurait jamais dû être publié, au moins sous forme de questions/réponses.

C'est un article inhabituel qui a été publié ce matin sur le site du Monde, à 11h18. "Un entretien avec la ministre de la culture Fleur Pellerin a été publié par erreur, mardi 1er décembre, sur LeMonde.fr. Il a été retiré. Nous présentons des excuses à nos lecteurs", peut-on lire dans cette brève intitulée "Erreur 404", du nom de ce code informatique qui s'affiche lorsqu'une page web ne s'affiche pas.

Quelques minutes auparavant, en effet, LeMonde.fr avait publié une interview de Fleur Pellerin, intitulée : "Christiane [Taubira] cite René Char ; moi je sais gagner mes arbitrages". Un entretien très rapidement supprimé, et pour cause : il n'était pas du tout prévu que cette interview paraisse aujourd'hui sur le site du quotidien, et encore moins sous forme de question/ réponse. C'est un brouillon d'article qui a été publié, explique Fenoglio, contacté par @si : "L'un des journalistes a été rencontrer Fleur Pellerin mardi 24 novembre, dans ses bureaux, mais pas dans l'idée d'un question/réponse. C'était un portrait, qui devait être publié dans Le Monde daté du 3 décembre. La version publiée ce matin n'était donc pas un produit fini, voilà pourquoi on l'a supprimée aussitôt, ce qui n'est pas dans nos habitudes."


Sur Twitter, la ministre a réagi à cette dépublication

Que pouvait-on donc lire dans cette interview, qui n'aurait jamais dû être publiée sous cette forme ? Internet n'oubliant jamais rien, une version cache de l'article a rapidement circulé sur la toile. La ministre tacle notamment ses prédécesseurs : "La vérité, c’est que mes prédécesseurs ont mené pendant vingt ans une politique de création de grands établissements culturels, majoritairement en Ile-de-France. C’est très bien. Seulement aujourd’hui, le budget du ministère est avant tout mis à contribution pour les entretenir. Résultat: une grosse partie des efforts financiers va à des institutions faites pour des CSP+. On se rend compte qu’il n’y a plus d’argent sur les territoires, il n’y a plus de MJC, on a asséché les associations qui faisaient la vie culturelle dans les quartiers, qui étaient pourtant d’extraordinaires capteurs capillaires de ce qui s’y passait."

Elle revient aussi sur cette séquence (qui avait fasciné notre matinaute), où elle faisait visiter son bureau aux équipes du Petit Journal sans savoir ce qui était accroché au mur, ou comment faire fonctionner son téléphone. "L’histoire du bureau, je m’en moque. J’ai changé de bureau trois fois. Le job, ce n’est pas guide conférencier, ce n’est pas historien de l’art. Je ne suis pas quelqu’un qui s’intéresse à qui est le designer qui a fait la lampe posée dessus...". L'occasion, pour la ministre, de faire, quelques questions plus loin, un rapprochement entre cette séquence et... la situation, en France, en 2015 : "Jamais je n’ai éprouvé ce sentiment d’être dans une situation aussi critique, à la fois en tant que citoyenne et en tant que responsable politique. On est devant le mur. C’est comme dans l’émission de Canal+ que vous citiez, où j’admettais ne pas savoir me servir de toutes les télécommandes : j’avoue que je n’ai pas toutes les réponses. La situation est si incertaine. Je ne vois pas où va le Parti socialiste, où vont les Républicains… Je vois bien, en revanche, où va le Front national… Montée de l’extrême droite, djihadisme… Et une crise européenne majeure sur l’accueil des migrants. On vit un moment révélateur de ce qu’on est idéologiquement."

Et puis il y a la petite phrase de titre, que Pellerin assure n'avoir jamais prononcée. A la question, "Au PS, ce qu’on attend désormais d’une ministre de la culture, en cette fin de mandat, c’est qu’elle rameute les artistes, en vue de la campagne de 2017. Pour cela, le nom de Christiane Taubira revient avec insistance. Vous n’êtes pas la plus qualifiée en la matière..." la ministre répond pourtant : "Le monde des artistes s’est beaucoup éloigné de la gauche avant même que je prenne mes fonctions. Christiane cite Edouard Glissant ou René Char. Ma force à moi, c’est que je connais bien l’administration. Je sais gagner mes arbitrages."

La version "définitive" de cet article doit être publiée en fin d'après-midi sur le site du Monde. Sous forme de portrait donc.

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