Barbara aux Invalides : "un non-sens esthétique et politique"

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"Perlimpinpin dans la cour des Invalides, c'est comme si la Garde Républicaine jouait Le Déserteur devant le tombeau de Napoléon" : dans un billet publié sur son blog, le chercheur Olivier Morin, auteur d’une thèse sur "La transmission culturelle", revient sur l’incongruité d’interpréter la chanson de Barbara dans la cour des Invalides lors de l’hommage national rendu vendredi aux victimes des attentats du 13 novembre – et dont les noms ont été lus à voix haute comme le signalait Alain Korkos dans sa chronique hier.

Pour Morin, cette chanson de Barbara – écrite à l'époque de la guerre du Vietnam et dont le titre, Perlimpinpin, est l’ancien nom de la barbapapa – s’inscrit dans une œuvre où "l’hostilité à la guerre sous toutes ses formes est évidente […] Perlimpinpin martèle le message : pas de frontières, pas de patrie, pas même de préférence, non aux combats, même ceux qui paraissent les plus justes. Un enfant qui meurt, qu’il soit de n’importe où (donc aussi de Hanoï ou de Göttingen), c’est un enfant qui meurt. C’est le pacifisme un peu nihiliste de Brassens. On est d’accord ou pas, mais le message de la dame brune est on ne peut plus clair."

Nathalie Dessay accompagnée au piano par Alexandre Tharaud (voir la vidéo ici)

D’où l’incongruité, selon le chercheur, d’interpréter cette chanson dans la cour des Invalides "devant un parterre de personnalités comprenant un gros contingent de généraux galonnés, et le président qui a dit «nous sommes en guerre»". Et d’ajouter : "je ne sais pas ce qu’aurait pensé Barbara en entendant les Invalides chanter qu'on allait «se battre seulement avec les feux de la tendresse» […] Perlimpinpin aux Invalides, c'était peut-être une provocation géniale ; c'était plus sûrement un non-sens esthétique et politique". Avant de s’incliner en concluant sur une invitation : "accrochons une plume noire à nos fenêtres, en souvenir."

>> L’occasion de voir ou de revoir notre émission avec le sémiologue Daniel Dayan qui, revenant sur l’acte cérémoniel, estime que "pour dépasser le ressentiment, il faut d'abord l'exprimer".

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