Rémi Fraisse : enquête baclée (Le Monde)

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Il n'y a pas vraiment eu d'enquête.

Dans le cadre de l'instruction ouverte pour "violences par une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" à la suite de la mort de Rémi Fraisse à Sivens, Le Mondea pu consulter le résultat de la commission rogatoire transmis par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale à la juge d'instruction, Anissa Oumohand. Constat : "Pour l’essentiel, les gendarmes n’ont pas enquêté sur les faits, mais sur le climat qui régnait sur la ZAD (zone à défendre) du projet de barrage de Sivens dans les semaines qui les ont précédés – dont la violence justifierait la réplique de la nuit du 25 au 26 octobre – et sur la personnalité de la victime – totalement et irrémédiablement pacifique", explique Le Monde.

Aujourd'hui encore, c'est la version donnée par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, quelques jours après les faits, qui prime : le jeune homme de 21 ans a été tué par une grenade offensive à la suite de la riposte des gendarmes qui faisaient face "à des violences caractérisées, croissantes et incessantes". Toutes les précautions auraient été prises : avant le lancer de la grenade, les gendarmes auraient fait les sommations d'usage et vérifié avec les jumelles que personne se trouvait dans la zone.

Problème : ces trois affirmations sont contredites par les éléments du dossier. Notamment à propos de l'utilisation des jumelles : les gendarmes n'ont pas pu utiliser de projecteur pour éclairer la zone visée car il était cassé. Et le gendarme chargé de garder les jumelles ne se souvient pas les avoir données à son collègue avant le lancer de la grenade. De même, les sommations règlementaires ont été faites... sans mégaphone, en panne. Quant aux "violences caractérisées, croissantes et incessantes", rien n'est très clair : les gendarmes assuraient avoir fait l'objet de jets de cocktails molotov. Les vidéos tournées sur place ne permettent pas de confirmer cette version. "En réalité, il y a bien eu des jets de bouteilles enflammées, mais peu et loin des militaires. (...) Malgré les efforts déployés, l’IGGN ne parvient pas à documenter les effets des « violences caractérisées » des opposants : le seul blessé, côté gendarme, s’est fait mal au genou en trébuchant tout seul lors d’une sortie…", explique Le Monde.

Après la mort de Rémi Fraisse, le commandant de gendarmerie mobile avait assuré avoir que la riposte était liée aux consignes du préfet du Tarn, lequel avait fait savoir qu'il fallait "faire preuve d’une extrême fermeté". Ni le préfet, ni son directeur de cabinet n'ont été entendus. L'enquête est au point mort depuis mars.

Pour comprendre les enjeux du barrage de Sivens, regardez notre émission : "Sivens : pour s'informer, il ne fallait pas regarder TF1 !"

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