Bolloré : seconde plainte contre Bastamag
La rédaction - - 0 commentairesEt de deux ! Déjà sous le coup d’une plainte en diffamation du groupe Bolloré pour un article consacré à l’accaparement des terres en Afrique, le site Bastamag annonce aujourd’hui qu’il s’est vu signifier cet été une seconde plainte pour une brève sur le même sujet. Bolloré procédurier ? Interrogé sur RTL ce matin pour défendre sa reprise en main (de fer) de la chaîne cryptée, Bolloré n'a pas été interrogé sur ces plaintes ni même les censures avérées.
Le 11 février prochain, le site Bastamag a rendez-vous au tribunal. Objet du procès ? Le groupe Bolloré a porté plainte en diffamation contre le site pour un article basé sur les enquêtes de plusieurs ONG. Lequelles dénoncent l’accaparement de terre en Afrique pour les plantations d’huile de palme et d’hévéas gérées par Socfin, dont Bolloré est actionnaire à hauteur de 39%. L’article a déplu au groupe qui n’hésite pas à attaquer la moindre évocation de ce sujet, comme nous le racontions dans notre émission consacrée aux affaires africaines de Bolloré. Pour preuve : Bastamag annonce aujourd'hui être sous le coup d’une seconde plainte, cette fois-ci pour une simple brève évoquant le déplacement de paysans africains venus spécialement à Paris entamer des discussions avec le groupe Bolloré, qui a accepté de négocier avec les communautés locales africaines.
Ces plaintes ont un précédent : en effet, le journaliste de France Inter Benoît Collombat a également subi les foudres du groupe avec son reportage diffusé en 2009 dans Interceptions. Intitulé Cameroun, l’empire noir de Vincent Bolloré, ce reportage pointait les conditions de travail des dockers du port de Douala, géré par Bolloré, ainsi que celles des ouvriers agricoles dans certaines plantations de palmiers du pays. Diffamatoire selon le groupe, qui a gagné son procès. L’histoire est racontée par Collombat dans le livre Informer n'est pas un délit coordonné par Fabrice Arfi de Mediapart et Paul Moreira, rédacteur en chef de Cash Investigations. Un livre qui, selon Arfi, devait être à l’honneur du Grand Journal à la rentrée mais qui a finalement été décommandé.
Pourquoi annoncer aujourd’hui cette seconde plainte reçue en juillet ? Pas d’actualité spécifique assure à @si le rédacteur en chef de Bastamag Ivan du Roy qui attendait la validation de leur avocat sur les termes du communiqué – histoire d’éviter une troisième plainte – mais aussi le moment opportun dans "ce climat de Bolloréphobie".
Des plaintes ? Voire des censures ? Ces questions n’ont pas été abordées par RTL qui a interviewé Bolloré et diffusé ce matin trois minutes de cet entretien. L’industriel, pas franchement malmené par le journaliste Laurent Marsick, a assuré écouter ce que disent les gens, "car c’est toujours intéressant". Côté projet, Bolloré annonce le retour du cryptage à l'ancienne, des images brouillées quand Canal+ passe en payant, et réaffirme son soutien à la présentatrice du Grand Journal, Maïtena Biraben, en place depuis quatre semaines. Car "on ne peut pas juger rien (sic) en quatre semaines" conclut Bolloré qui assure qu'il n'y a pas de plan B pour remplacer l'animatrice. Pourtant les chiffres d'audience du Grand Journal sont très mauvais. Selon le site Ozap, l'émission de Canal+ a "perdu plus d'un tiers de ses téléspectateurs depuis son retour à l'antenne". Hier, le Grand Journal était encore en baisse à 525 000 personnes soit 2,9% de part d'audience.
>> Cette seconde plainte à l’encontre du site Bastamag s’ajoute à notre épais dossier Bolloré, contre la dérision et les enquêtes.