Censure Crédit Mutuel : aucune "intervention directe" de Bolloré (Pellerin)
La rédaction - - 0 commentairesSur notre plateau, le rédacteur en chef racontait
Aucune censure avérée de Bolloré ?
"Est-ce que les réalisateurs des deux documentaires déprogrammés par Vincent Bolloré sur Canal pourront se prévaloir de votre loi [sur la liberté de création] ?" a demandé Léa Salamé, ce matin sur France Inter, à Fleur Pellerin, qui disait vouloir protéger "artistes et créateurs" de la censure. Une référence de la journaliste au documentaire sur le Crédit Mutuel censuré en mai dernier, et aux soupçons qui portent sur un deuxième cas de censure, concernant le documentaire Hollande-Sarkozy.
En réponse, la ministre a d’abord botté en touche : "Il y a un principe dans l’audiovisuel, et j'en suis la garante, qui est le respect du pluralisme des idées et de l’indépendance des rédactions. Je crois que le message a été entendu par Vincent Bolloré que j'ai eu au téléphone avant qu'il soit auditionné par le CSA. Il s’est engagé à prendre un certain nombre de mesures que ce soit sur iTélé ou sur Canal+ pour assurer l’indépendance des rédactions".
Mais spécifiquement sur la déprogrammation, "qu’en pense la ministre de la Culture" ? "Aucune enquête pour l'instant n'a révélé s'il y avait eu une intervention directe. S'il s'avérait que, effectivement, il y a des interventions directes, d’annonceurs, de l'actionnaire, sur une chaîne pour déprogrammer des programmes qui dérangent, j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j'évoque ce sujet avec le CSA", estimait alors Pellerin.
Aucune preuve d’une intervention directe de Bolloré ? Ce n'est pas l'avis de Mediapart, pour qui les sources internes de la chaîne donnent toutes la même version concernant l'émission Crédit Mutuel : "C’est par un simple coup de fil à Canal+ que Vincent Bolloré a signé l’acte de décès du documentaire, selon plusieurs sources internes. La raison est simple : le Crédit mutuel est l’un des principaux partenaires financiers des activités du groupe Bolloré. Un appel sans ambiguïté, à la mi-mai, de Vincent Bolloré en personne au directeur général de Canal+ d’alors, Rodolphe Belmer (évincé depuis)".
Et sur notre plateau, si le rédacteur en chef de la société de production du documentaire, Jean-Pierre Canet, ne livrait pas de preuve irréfutable de l'intervention de l'actionnaire, il dessinait en tout cas un faisceau d'indices assez fourni, à commencer par l'absence de toute justification de la déprogrammation.
L’occasion de voir notre émission sur le journalisme d'investigation télé, ses méthodes et ses limites et de découvrir notre dossier : Bolloré, contre la dérision et les enquêtes