Canal + : Guillon moque Sarkozy (mais pas Bolloré)

Oui, il est possible de faire tout un sketch sur la reprise en main de Canal+… sans jamais prononcer le nom de Bolloré. Demandez à Stéphane Guillon !

L’humoriste, de retour sur la chaîne cryptée et chez Thierry Ardisson après trois ans d’absence, a commencé par "rendre hommage" à son prédécesseur, Gaspard Proust. En imitant Nicolas Sarkozy, Guillon ironise sur les caricatures de Hollande dont Gaspard Proust, plutôt marqué à droite (il était même qualifié "d’Eric Zemmour de l’humour" par Le Monde), s'était fait une spécialité.

Guillon revient surtout sur les bouleversements dans les équipes et les programmes de Canal+ initiés par l’actionnaire majoritaire de Vivendi, maison mère de la chaîne, Vincent Bolloré. Guillon dépeint ainsi Sarkozy, proche notoire de Bolloré, comme le nouveau directeur des programmes de Canal, particulièrement mécontent du retour de l’humoriste. "Je comprends pas l'attitude de Canal, qui d'un côté, prend les bonnes décisions, met les Guignols en crypté, et qui de l'autre, remet à l'antenne un garçon qui pratique la méchanceté, et les attaques «abdominem» [sic]. Je me donne beaucoup de mal pour que Canal soit la meilleure chaîne possible. Avec tout ce que j'ai à faire, être directeur des programmes, c'est pas facile... Et que dans mon dos, on embauche Stéphane Guillon, Thierry Ardisson je vous le dis, c'est pas normal..." ironise Guillon dans le personnage de l'ex-président.

Particularité du sketch : Guillon ne prononce pas une seule fois le nom de Bolloré. Consigne du patron ou prudence de Guillon ? Impossible de trancher, mais Bolloré n’est pas totalement étranger à de telles "recommandations". Selon les informations d’Ozap, Vincent Bolloré avait ainsi déjà "demandé personnellement aux équipes de Touche pas à mon poste qu'on ne parle plus de lui dans l'émission", diffusée sur D8, qui fait également partie du groupe Canal. Si la chaîne n’a bien entendu jamais confirmé cette information (et qu’une source a démenti auprès du Monde), la consigne, réelle ou non, est appliquée à la lettre : dix jours après, "aucune nouvelle allusion au patron n'a été faite dans le talk d'access de D8".

L’occasion de lire notre article : Rira bien qui rira (de Bolloré) le dernier - Les auteurs de Canal+ testent leurs marges de manœuvre à coups de sketchs