Boulin : 36 ans après, ouverture d'une information judiciaire

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Et revoilà l'affaire Boulin. Trente six ans après la mort du ministre gaulliste Robert Boulin, une information judiciaire a été ouverte en août pour "arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat" à la suite du dépôt d'une nouvelle plainte de la fille de Robert Boulin (dont les demandes de réouverture du dossier avaient échoué en 2007 et 2010).



Officiellement, Robert Boulin s'est suicidé. Mais plusieurs journalistes qui ont mené l'enquête estiment qu'il s'agit d'un assassinat sur fond de règlements de compte au sein de la droite de l'époque. Benoît Collombat, journaliste à France inter et auteur de plusieurs ouvrages sur l'affaire, soutient la thèse de l'assassinat. Interrogé par Le Figaro à la suite de l'ouverture de l'information judiciaire, Collombat assure qu'il y a "un nouveau témoignage" qui permet l'ouverture de cette enquête. "Ce témoin que j'ai rencontré ne souhaite pas dévoiler son identité publiquement mais accepte de témoigner devant un juge d'instruction. Cette personne explique avoir vu Robert Boulin le 29 octobre 1979 en fin d'après-midi à Montfort-L'amaury dans les Yvelines, explique Collombat. L'ancien ministre a été vu dans sa voiture, accompagné de deux autres individus, une personne qui conduisait le véhicule et une autre à l'arrière. Ce témoin n'a pas su mettre de noms sur ces visages. En revanche, il a parfaitement reconnu le ministre".

En réalité, ce nouveau témoignage est connu depuis 2013. Il a été recueilli par Benoît  Collombat. A l'époque, notre chroniqueur, Georges Marion, ancien enquêteur du Canard enchaîné et du Monde, avait rencontré le journaliste d'Inter et exprimé son scepticisme sur la thèse de l'assassinat. Pourquoi ? Parce qu'au-delà de toutes les "anomalies" relevées par les journalistes qui remettent en cause la version officielle, reste la lettre que Boulin a envoyé en plusieurs exemplaires à des parlementaires et des journalistes pour annoncer... qu'il allait se suicider. 

Alors trente six ans après et plusieurs tentatives pour relancer l'affaire, pourquoi la justice a-t-elle décidé d'ouvrir une information judiciaire ? Pour Collombat, "c'est le parquet de Versailles qui a décidé de rouvrir ce dossier, considérant qu'il y avait suffisamment d'éléments pouvant faire naitre un doute légitime". Ce que le parquet a démenti dans un communiqué, relayé par Le Monde : l'ouverture serait liée à une astuce juridique. Le dépôt d'une plainte avec constitution de partie civile entraînait automatiquement l'ouverture d'une information judiciaire. Dit autrement par le parquet de Versailles : cette ouverture "n’emporte pas d’appréciation particulière du procureur de la République de Versailles sur la réalité de l’existence de nouveaux éléments en faveur des faits dénoncés. Il appartient désormais au juge d’instruction saisi de procéder aux investigations utiles à la manifestation de la vérité".

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