Megyn Kelly, la star de Fox News victimisée par Trump
La rédaction - - 0 commentairesUne ultra-réac de Fox News devenue emblème des femmes journalistes ?
L’animation du débat des candidat aux primaires républicaines l’avait mise sur le devant de la scène américaine. Mais ce qui a rendu la journaliste de Fox News Megyn Kelly célèbre dans le monde entier c’est surtout son échange musclé, le soir du 6 août, avec le populiste Donald Trump (@si vous parlait ici de sa campagne, entre xénophobie et éclats médiatiques). Dès les premiers instants du débat entre dix candidats sélectionnés par la chaîne, elle a en effet piqué Trump au vif en l’interrogeant sur de nombreuses sorties sexistes, où il qualifiait des "femmes qu’il n’aime pas" de "grosses truies", "chiennes" ou "d’animaux dégueulasses". Sous les rires fournis de la salle et les applaudissements, Trump s’en sortait en lançant "seulement Rosie O’Donnell" (une humoriste et animatrice célèbre) et en déplorant le règne du "politiquement correct". Dès le lendemain, la véritable polémique était lancée lorsque Trump se plaignait à CNN du traitement que lui aurait réservé Kelly : "On pouvait voir du sang sortir de ses yeux, du sang sortir de son… où que ce soit". Une nouvelle sortie sexiste fustigée par les rivaux républicains du milliardaire, et de nombreux militants du parti.
Inconnue jusqu’alors en France, Kelly était célèbre et influente aux Etats-Unis bien avant ce débat, au point de figurer dans le Top 100 des personnalités les plus influentes du monde par le magazine Time. Pour Le Monde, qui dresse son portrait, elle joue surtout le rôle de "joker" et de "produit d’appel de la gauche" pour Fox News. "Pour continuer à croître, Fox News […] a impérativement besoin d’élargir son audience au-delà de son socle conservateur, incarné par les présentateurs Bill O’Reilly et Sean Hannity. […] Pour grappiller des parts de marché du côté des indépendants situés à la gauche du Parti républicain, le patron visionnaire de Fox News, Roger Ailes, a fait de Megyn Kelly son produit d’appel." Elle a ainsi plusieurs fois "bousculé" des représentants républicains, comme le conseiller Karl Rove le soir de leur défaite en 2012, ou remis à sa place un commentateur qui avait critiqué son congé maternité.
"Un long passif de commentaires déplacés envers les minorités"
Problème : ce positionnement ne serait qu’une façade pour Media Matters, site de critique médias proche de la gauche démocrate. Le site en veut pour preuve son "long passif de commentaires agressif et déplacés envers les minorités", dont il faisait la liste quelques jours avant le débat. Ainsi, Kelly a fustigé Michelle Obama pour avoir commencé un discours en mai dernier par un historique des discriminations raciales qu’elle avait vécues. Une promotion de la "culture de victimisation" représentative de "ce que devient la nation [américaine]" déplorait alors Kelly.
Caricature Media Matters : à gauche, Kelly anime le débat Républicain, "défend les minorités" et se montre dure envers les Républicains. A droite, Kelly le reste du temps s'en prend aux minorités, notamment aux Afro-américains.
Concernant l’autre favori républicain Jeb Bush, Kelly s’étonnait qu’on puisse lui reprocher des positions anti-immigrés, alors qu’il est lui-même "marié à une immigrée mexicaine". Sur les violences policières et la mort de nombreux Noirs abattus par des policiers blancs, Kelly a également suivi la ligne Fox News, qui refuse d’y voir un problème de racisme ou de ségrégation sociale. "Où sont les preuves qu’il s’agit d’un truc raciste ? La fille n’était pas une sainte non plus", lançait-elle également après qu’une jeune Noire de 14 ans en maillot de bain ait été frappée par un policier blanc. Les premiers éléments de l’enquête indiquaient pourtant que l’après-midi piscine à laquelle participait la jeune fille avait dérapé… à cause de l’agression raciste d’une voisine.
Plus ironique encore, Kelly s’est déjà retrouvée à défendre des propos ouvertement xénophobes de Donald Trump. Ainsi, lorsque le Républicain accusait récemment le gouvernement mexicain d’envoyer ses "meurtriers et ses violeurs" aux Etats-Unis, la journaliste de Fox News avançait des données "qui démontrent que de nombreux immigrés qui traversent sont en fait effectivement des criminels".