Rachat RMC et BFMTV : Drahi en règle avec la loi anti-concentration

Vincent Coquaz - - 0 commentaires

Quand Libération rejoint BFMTV (et RMC, L'Express, L'Expansion ou encore i24news).

L'homme d'affaires franco-israélien Patrick Drahi, qui multiplie depuis quelques mois les acquisitions, veut désormais absorber BFMTV et RMC. Ce matin, l'AFP rapportait que la holding du milliardaire, Altice, nouait un "partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d'Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter". Concrètement, une "nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV" précise Le Monde. Cette société sera "détenue à 51% par M. Weill et à 49% par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion par Altice Média, elle-même détenue par la maison mère Altice" précise le quotidien, soulignant que cette "cascade de holdings" est une spécialité de Drahi. Dès 2019, Drahi disposera en outre d'une option de rachat sur l'ensemble des actions aujourd'hui détenues par Weill ("en d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans", note Le Monde).


La liste des médias détenus par Drahi, par ailleurs propriétaire de SFR-Numéricable et Virgin Mobile, est désormais interminable. En plus de NextRadioTV (BFM TV, BFM Business, RMC, RMC Découverte mais aussi le site 01Net/Telecharger.com), le milliardaire possède déjà Libération, L'Express, L'Expansion, Mieux vivre votre argent, Point de vue, Studio Cinélive, L'Etudiant et la chaîne franco-israélienne i24news, énumère NextInpact. Et il y a quelques jours à peine, Altice annonçait être entré en négociations exclusives pour le rachat de Stratégies, Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.

Drahi et la règle du "deux sur trois"

Cette liste impressionnante pose évidemment la question de la concentration, régulée dans le secteur des médias en France. La loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (aussi appelée loi Léotard) consacre notamment le principe de "deux sur trois" qui empêche en principe à un même groupe d'être présent dans la radio, la télévision et la presse quotidienne. Or avec BFMTV, RMC et Libération, Drahi serait précisément sur les trois fronts.

Heureusement pour l'homme d'affaires, les règles anti-concentration, bien que jugées trop strictes par certains patrons de presse, sont en fait plutôt permissives. La règle de "deux sur trois" ne vaut ainsi que si l’opérateur détient "une ou plusieurs publications quotidiennes imprimées d'information politique et générale représentant plus de 20 % de la diffusion totale, sur le territoire national, des publications quotidiennes imprimées de même nature". Concernant NextRadioTV, le seul quotidien détenu est Libération. Or, avec un tirage inférieur à 100 000 exemplaires, le quotidien est bien loin des 20% de la diffusion totale des publications quotidiennes (les cinq plus grosses publications représentant à elles seules plus d’un million d’exemplaires).

Concernant i24news, BFMTV et RMC Découverte (mais aussi Numéro23, en cours de rachat par NextRadioTV), Drahi ne devrait pas non plus être inquiété : les dispositions anti-concentration ne concernent que les chaînes hertziennes (ce qui n'est pas le cas d'i24news) et il est possible de détenir jusqu'à sept autorisations de diffusion de services sur la TNT à condition que "ces services soient édités par des sociétés distinctes". Un jeu d'enfant pour Drahi, spécialiste ès filiales.

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