Procès : Eolas et la "pétition bidon" (Rue89)

La rédaction - - 0 commentaires

L'audience était à la fois très technique et un peu triviale.

Mardi 7 juillet, l'avocat blogueur Maitre Eolas était poursuivi pour injure et diffamation par l'Institut pour la Justice, association défendant le tout répressif. En cause ? Quelques tweets un peu tendancieux, comme "je me torcherais bien avec l'institut pour la Justice si je n'avais pas peur de salir mon caca"(Eolas). Mais si l'IPJ a porté plainte, c'est surtout en raison des critiques d'Eolas contre une pétition de 2012. A l'occasion de la présidentielle, l'association avait mis en ligne un "Pacte 2012", texte reprenant une série de mesures répressives. Avec un succès impressionnant selon l'IPJ : 1,7 million de signatures.

Un chiffre contesté à l'époque par Eolas, lequel avait ironisé sur le compteur "bidon" de l'IPJ, en montrant que l'augmentation du nombre de nouvelles signatures était beaucoup trop régulière. Sous-entendu : le compteur était truqué. De la pure diffamation pour l'IPJ.


L'audience à laquelle a assisté Rue89, a donc donné lieu à une bataille d'experts. Pour le camp d'Eolas, le nombre de signatures était "fantaisiste" : "parce que l’adresse e-mail utilisée pour signer la pétition n’était pas vérifiée. Le champ pouvait être rempli avec n’importe quoi" et "parce que l’expression « déjà N signataires » était « abusive » puisqu’il n’était pas vérifié que le chiffre donné correspondait bien à des personnes physiques", explique Rue89 en reprenant les arguments d'Eolas.

Du côté de l'IPJ, on assure que la courbe obtenue par l'avocat-blogueur faisait suite à "une attaque informatique". Une seule adresse IP avait généré 30 000 clics. Pas de leur faute donc. Quant au chiffre impressionnant de 1,7 million de signatures, il serait cohérent avec les données de fréquentation de la page du pacte via Google Analytics.

Deux argumentations, et une seule question : l'IPJ a-t-elle volontairement bidonné son compteur en le truquant, ou la pétition était-elle tout simplement bidon, c'est-à-dire peu rigoureuse dans sa collecte de signatures ? Dit autrement par les protagonistes : "Je ne peux pas vous certifier un chiffre à l’unité près, car, oui, une même personne pouvait signer avec deux adresses mails. Mais il y a une différence entre dire que le compteur n’est pas parfait et dire que nous le truquons volontairement" (Xavier Bébin, délégué général de l'IPJ). Réplique d'Eolas "Je ne dis pas que le compteur a été bidonné. Je dis qu’il était bidon, qu’il n’était pas fidèle à la réalité". Jugement le 6 octobre.

L'occasion de relire notre article sur la bataille entre Eolas et l'IPJ

Lire sur arretsurimages.net.