Maman les p'tits bateaux pourquoi ils coulent ?

Alain Korkos - - 0 commentaires


La 56e Biennale d'art contemporain de Venise, qui ouvrira ses portes le 9 mai prochain, accueillera un bateau de quinze mètres plié dans la Une d'un journal relatant la mort de 366 migrants, victimes du naufrage d'un chalutier en 2013.


Cette oeuvre, conçue par l'artiste brésilien Vik Muniz et intitulée Lampedusa, est composée d'une structure en bois réalisée par des charpentiers vénitiens. Elle sera recouverte d'une reproduction géante de la première page d'un quotidien italien relatant le naufrage d'un chalutier transportant des migrants africains qui eut lieu le 3 octobre 2013 à cinq cents mètres de l'île de Lampedusa, près de la Sicile.


Le week-end dernier, un autre bateau transportant quelque 900 migrants africains sombrait à cent-dix kilomètres des côtes de Libye en faisant environ 700 morts.

On peut se demander comment sera accueilli le p'tit bateau en papier de Vik Muniz, qui voguera tranquillement le long des canaux où seront amarrés les yachts des riches collectionneurs venus visiter la 56e Biennale d'art contemporain de Venise.


Par une indifférence polie, sans doute.

Les artistes de renommée internationale continueront de confectionner (avec peut-être plus ou moins de sincérité) des p'tits bateaux en papier géants, le directeur de l'association Human Rights Watch continuera de faire des montages photographiques montrant une ribambelle de chefs d'État posés sur une embarcation au large de Lampedusa…

Chefs d'État lors de la manifestation parisienne du 11 janvier 2015,
à bord d'une embarcation photographiée le 5 février 2014
non loin de Lampedusa


… la Terre continuera de tourner et les migrants africains de se noyer. Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau pourquoi ils coulent ?

 

L'occasion de lire ma chronique intitulée L'Afrique prend l'eau à Paris.

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