US : victoire (temporaire ?) pour la neutralité du net
Vincent Coquaz - - 0 commentairesVictoire annoncée pour Obama et une "armée d’activistes en ligne".
L’organisme de régulation des télécommunications américain, la FCC, devrait voter demain pour consacrer le principe de neutralité du net. Et les termes employés sont symboliquement très forts : si tout se passe comme prévu, la FCC considérera désormais Internet comme un "bien public". Surtout, les Républicains ont indiqué hier qu’ils ne devraient pas voter de loi au Parlement pour s’opposer à cette prise de position de la FCC, rapporte le New York Times.
Concrètement, qu’est-ce que cela va changer ? Si la FCC considère Internet comme un bien public, elle interdira toute "voie rapide" payante. En d’autres termes, un fournisseur d’accès ne pourra pas faire payer à une compagnie Internet comme Netflix, ou aux consommateurs, un surplus pour favoriser l’accès à ce service en particulier. A l’inverse, ces mêmes fournisseurs n’auront pas le droit de le ralentir ou de mettre en place toute autre forme d’obstacle.
lobbying : 55 000 appels téléphoniques pour la neutralité
Le vote de la FCC et le renoncement des Républicains sont le résultat d’une campagne menée par quelques grands noms d’Internet : la Mozilla Foundation (la fondation à but non lucratif qui édite notamment le navigateur Firefox), mais aussi Netflix ou Twitter (tandis qu’Amazon et Google sont plutôt restés en retrait, note le quotidien américain).
Publiquement soutenue par Obama, la conception d’Internet comme bien public a également été massivement défendue par les internautes. Ainsi en octobre, quand la neutralité du net était plus que jamais menacée par des décisions de justice (@si vous en parlait ici), des activistes avaient rendu publics les numéros de téléphone de trente responsables de la FCC. Résultat : 55 000 coups de fil pour défendre la neutralité en deux mois.
En face, on trouve l’un des lobbys les plus puissants aux États-Unis : les câblo-opérateurs Comcast, Verizon Communications et Time Warner Cable. Leur principal argument ? Une trop forte régulation d’Internet par la FCC diminue leur rentabilité et les empêcherait d’investir pour accélérer les accès à Internet. Et ces derniers n’ont pas encore baissé les armes : selon le New York Times, ils pourraient bien essayer de s’opposer à la FCC en s’engageant dans une nouvelle longue bataille judiciaire. Mais en attendant, ils ne pourront pas demander davantage à leurs abonnés pour accéder à Netflix plutôt qu’à leur service de VOD.
Mais au fait, la neutralité du net n'est-elle paspas le paravent de puissants intérêts économiques ? L'occasion de voir notre émission 14h42 : "Netflix, sur le cheval blanc de la neutralité".