"Valls sous influence juive" : Bourdin ou Dumas, qui a dérapé ?
Robin Andraca - - 0 commentaires Voir la vidéoInterviewé ce matin par Jean-Jacques Bourdin sur RMC, Roland Dumas, ancien ministre socialiste et ex-président du Conseil constitutionnel, a estimé, en répondant à une question de l'animateur, que Manuel Valls était "probablement" sous influence juive. De nombreuses personnalités de gauche ont dénoncé l'antisémitisme de ces propos tandis que certains journalistes pointaient du doigt la formulation de la question de Bourdin.
Invité ce matin dans l'émission "Bourdin Direct", Roland Dumas est revenu sur ses différends avec Manuels Valls, en mettant en avant le fait qu'il avait davantage défendu la cause des Palestiniens que l'actuel Premier ministre. "Sous prétexte que je défends les Arabes contre les Israéliens, il m'a agressé un jour alors que je le connais à peine. Il a des alliances personnelles qui font que... Chacun sait qu’il est marié avec quelqu'un.... quelqu'un de très bien, je dirais, qui a de l’influence sur lui". Dumas faisant alors référence à la femme de Valls, Anne Gravoin. "Qui a influencé quoi, laquelle, qu'est ce que vous voulez dire Roland Dumas ?" demande, dans un premier temps, Bourdin. L'ex-président du Conseil constitutionnel répond en évoquant le père de Manuel Valls, ce "républicain formidable". "Vous pensez qu'il est influencé ?" relance Bourdin. "Tout le monde est influencé" estime Dumas qui continue : "Il m'a attaqué en disant que c'est pas la position d'un socialiste. En quoi il est socialiste ? (...) Manuel Valls est socialiste à sa manière, comme une grande partie du socialisme français". Et Bourdin de mettre les pieds dans le plat : "Il est sous influence juive ?". "Oui, probablement". "Vous le pensez ?". "Je peux le penser". "Sous l'influence de sa femme ?". "Bien sûr. Pourquoi ne pas le dire ?".
L'extrait en question
Suite à cet entretien, plusieurs personnalités de gauche ont réagi. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, juge que ces propos "confinent à l'antisémitisme", dignes du "discours des années 30 sur la France enjuivée". Dans un communiqué, le Parti socialiste a dénoncé "les propos inacceptables de M. Roland Dumas qui dépassent l'entendement, en mettant en cause le Premier ministre avec un vocabulaire d'extrême droite". Sur Twitter, Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation et Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, ont tour à tour dénoncé les propos de Dumas.
Certains journalistes, en revanche, ont dénoncé les... méthodes de Jean-Jacques Bourdin. Sur le site de Challenges, Bruno Roger-Petit dénonce par exemple le "sourire de Jean-Jacques Bourdin", après avoir obtenu de Dumas qu'il précise véritablement sa pensée. "Le sourire de Bourdin est celui de l’enfant qui joue avec des allumettes sans réaliser la dangerosité de ce qui l’amuse. Bourdin a obtenu de Dumas, même de manière indirecte, ce qu’il en attendait. Bourdin a posé une question comme en rêvent les admirateurs de Dieudonné. Pire encore, il l’a fait sans la relativiser, sans exercer un quelconque droit de suite envers Roland Dumas", estime le journaliste. Sur Twitter, Guy Birenbaum, bien connu des @sinautes, a également relevé les guillemets utilisés dans ce titre d'un article du Monde.fr : "Pour Roland Dumas, Manuel Valls est «sous influence juive»".
Olivier Siou, rédacteur en chef adjoint à France 2, évoque également la polémique du jour :
Dans l'après-midi, Jean-Jacques Bourdin a réagi sur le réseau social :
D'où vient, en réalité, cette polémique ? D'une phrase prononcée par Manuel Valls à Strasbourg en 2011. Alors simple député maire d'Evry, Valls avait déclaré, au cours d'une conférence-débat organisée par la radio locale Judaïca Strasbourg : "Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël". La vidéo de ce débat, visible dans un premier temps sur le site de la radio, avait ensuite été supprimée. @si s'était alors penché sur cette phrase embarrassante, qui avait aussi disparu, un temps, du compte Wikipedia de Valls. Elle a depuis été réintégrée.