Arabie Saoudite : 1000 coups de fouet pour un blogueur
La rédaction - - 0 commentairesGrand écart.
Dimanche dernier, le ministre des affaires étrangères saoudien défilait à Paris, au nom de la liberté d'expression. Aujourd'hui en Arabie Saoudite, Raif Badawi, blogueur condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet par la justice saoudienne, aurait dû subir une deuxième session de flagellation en public. Celle-ci a été reportée, pour des "raisons médicales".
Raif Badawi, 31 ans, est emprisonné depuis 2012. Que reproche la justice saoudienne à l'ancien animateur du site Internet "Liberal Saudi Network" (fermé depuis par les autorités saoudiennes) ? D'avoir critiqué plusieurs dignataires religieux de son pays. Mais aussi d'avoir exprimé des réserves sur la police religieuse et certains édits islamiques.
Le 5 novembre, le blogueur a été condamné à dix ans de prison et 1000 coups de fouet pour "insulte à l'islam", à raison de 50 coups de fouet par semaine. Ce châtiment corporel a commencé le 9 janvier dernier à Djedda (dans l'ouest du pays). Et Badawi était censé subir une deuxième session de flagellation en public aujourd'hui. Celle-ci n'a pas eu lieu, pour des "raisons médicales", selon son épouse, réfugiée au Canada depuis un an avec leurs trois enfants, et interrogée par RFI.
Le 13 janvier dernier, depuis Montréal, Ensaf Haidar, a appelé à la libération de son mari au cours d'un rassemblement de soutien organisé à Montréal. "Mon mari est emprisonné simplement pour avoir exprimé des idées libérales dans un pays [où sévissent] des tribunaux d'inquisition islamique du Moyen-Âge", a-t-elle déclaré à cette occasion.
Béatrice Vaugrante, directrice générale de la section francophone d'Amnesty International Canada a fait le rapprochement entre la condamnation de cet homme et la tragédie qui a touché Charlie Hebdo la semaine dernière : "On parle beaucoup de liberté d'expression ces jours-ci : je suis Charlie, je suis Raef Badaoui". La semaine dernière, lors de la première session de flagellation en public, l'Union européenne avait déploré un acte "inacceptable" et appelé les autorités saoudiennes à "suspendre toute nouvelle punition corporelle".
L'occasion de relire la chronique de Daniel Schneidermann, qui soulignait le grand écart du roi de Jordanie : "Abdallah de Jordanie, le Pape, et quelques malentendus...".