Des fleurs pour le papa d'Algernon

Alain Korkos - - 0 commentaires

Daniel Keyes, nous apprend le Guardian, est passé de vie à trépas le 15 juin dernier à l'âge de quatre-vingt-six ans. Il était l'auteur du célèbre roman Des fleurs pour Algernon.

Éditions J'ai Lu n°427, 1978
Illustration de Tibor Csernus


Voici, pour les rares personnes qui ne connaîtraient pas ce chef-d'oeuvre, le résumé de l'intrigue tel qu'il fut rédigé au dos de l'édition française publiée par J'ai Lu :

« Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit employé dans une boulangerie. C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l'amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jours les facultés supérieures d'Algernon déclinent. Commence alors pour Charlie le drame atroce d'un homme qui, en pleine conscience, se sent retourner â l'état de bête. »

Des fleurs pour Algernon était au départ une nouvelle, qui parut dans le Magazine of Fantasy and Science Fiction d'avril 1959 :

The Magazine of Fantasy and Science Fiction, avril 1959


Si l'illustration de couverture est consacrée à ce texte, le nom de son auteur ne figure pas dans la liste de ceux cités : Frederik Pohl, Aldous Huxley, Poul Anderson, Anton Chekhov, Isaac Asimov et Gordon R. Dickson. Car à l'époque, personne ne connaissait Daniel Keyes.

L'année suivante, Keyes reçut le prix Hugo pour sa nouvelle (le prix Hugo fut fondé en l'honneur d'Hugo Gernsback, créateur de plusieurs revues de SF dont Amazing Stories et Wonder Stories ; il est aussi, accessoirement, l'inventeur du mot "science-fiction").

C'est en 1966 que parut le roman, extension significative de la nouvelle, qui fut lui aussi couronné. Deux ans après, le livre était adapté au cinéma par Ralph Nelson sous le titre Charly. Son interprète, Cliff Robertson, reçut en 1968 l'Oscar du meilleur rôle.

L'affiche du film, 1968


Des fleurs pour Algernon fut par la suite, nous rappelle le Guardian, adapté en de nombreuses dramatiques radio et télé ainsi qu'en pièces de théâtre. Il y eut même une comédie musicale ! On pourrait penser (et l'on pense souvent) que Daniel Keyes est l'homme d'un seul livre. Il en a pourtant écrit bien d'autres, dont The Minds of Billy Milligan (Les Mille et Une Vies de Billy Milligan, retraduit plus tard en Billy Milligan, l'homme aux vingt-quatre personnalités). Il s'agit là de l'histoire vraie d'un violeur aux multiples personnalités qui se défendit en affirmant qu'il n'était pas véritablement l'auteur de ses crimes.

Daniel Keyes écrivit aussi, sous différents pseudonymes, des scénarios de BD pour EC Comics.

Voici une sélection de différentes couvertures concoctées ici et là pour Des fleurs pour Algernon. Toutes ou presques utilisent les mêmes éléments graphiques : la souris, Charlie, le labyrinthe, le cerveau tel un labyrinthe et des fleurs. Difficile d'y échapper ! Des fleurs pour Algernon reste un défi pour les illustrateurs et les graphistes…

Illustration d'Étienne Delessert

Édition estonienne, 1967

Illustration d'Eikasia



L'occasion de lire ma chronique intitulée Oui, la guerre des mondes a bien eu lieu !

Lire sur arretsurimages.net.