portraits de briques et de broc

Alain Korkos - - 0 commentaires

Lego propose, depuis quelques jours, une série de quatre portraits issus de la peinturlure occidentale réalisés en petites briques. Quatre oeuvres ultra-célèbres, aisément reconnaissables en petit format :


Il s'agit, bien sûr, d'un autoportrait de Van Gogh de septembre 1889 (il en fut question par ici), du Fils de l'homme de Magritte (il fut question du susnommé amateur de pommes par là), d'American Gothic de Grant Wood (on en a causé par ici) et de la sempiternelle Joconde (on s'est étendu sur le sujet par là mais aussi par ailleurs).


En grand et en briques de plastique, les peinturlures susdites deviennent plus difficiles à reconnaître :


Ce principe de la réduction d'une image en petites briques n'est pas nouveau. Salvador Dali, notamment, l'expérimenta en 1975 et 1976 avec un portrait de Lincoln intitulé Gala contemplant la mer Méditerranée qui, à vingt mètres, se transforme en portrait d'Abraham Lincoln :

Gala contemplant la mer Méditerranée qui,
à vingt mètres, se transforme en portrait
d'Abraham Lincoln
,
hommage à Rothko
version de 1976, meilleure que celle de 1975

 

Voici un autre portrait du président susmentionné, réalisé en 2004 et avec des dominos par des élèves d'une école d'Iowa City aux USA (celui-ci rappelle un peu ceux constitués de chiffres ou de lettres vaillamment confectionnés par les ordinateurs des années 70 sur des bandes de papier perforé) :


Voici maintenant le même autoportrait vangoghien que précédemment, confectionné en 2010 dans un but publicitaire avec 2 070 ticheurtes de 24 couleurs différentes pour un fabricant de prêt-à-porter japonais nommé Onward Kashiyama :


On peut aussi utiliser des punaises, beaucoup de punaises (entre 15 et 20 000) mais de cinq couleurs seulement : bleu-jaune-rouge (les trois primaires) plus le noir (on obtient ainsi la quadrichromie de l'imprimerie) et le blanc (qui restitue en quelque sorte le blanc du papier). C'est ainsi que travaille Eric Daigh :


D'autres portraits géants réalisés de bric et de broc avec des tubes de rouge à lèvres, des oeufs de Pâques, des grains de café, des bouchons de bouteilles de vin, des médiators et peut-être même des ratons-laveurs sont visibles par là.

Grandes dimensions et petits objets poussent souvent les auteurs à entrer dans les détails, à fignoler, à tenter l'hyperréalisme. C'est une erreur que n'a pas commise l'immense Chuck Close, qui fit même le contraire.

Chuck Close est un peintre hyperréalisme amerlocain connu pour avoir peint, dans les années 70, des portraits géants de ce genre :

Mark par Chuck Close,
acrylique sur toile,
2,74 x 2,13 m
1978-1979


Lesquels portraits furent ensuite en plusieurs étapes simplifiés :

Mark par Chuck Close,
pastel, crayon et aquarelle sur papier,
1,42 x 1,12 m
1978

Mark par Chuck Close,
aquarelle et crayon sur papier,
inachevé,
1,35 x 1,01 m
1978


Avec ce portrait inachevé on s'aperçoit que Close peint, lui aussi, ses portraits en superposant les trois primaires en synthèse soustractive : cyan, magenta et jaune, auxquelles s'ajoute le noir et le blanc du papier.

Quatre couleurs et rien de plus, parce que le mieux est l'ennemi du bien.



L'occasion de lire ma chronique intitulée  L'armée des mingong où il est également question de briques et de portraits.



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