Obs : bataille de couleurs entre Perdriel et Joffrin (Libé)

Sébastien Rochat - - 0 commentaires

Bleu ou blanc ? Blonde ou brune ? D'après le quotidien Libération, rien ne va plus à la tête du Nouvel Obs. La semaine dernière, un bras de fer a opposé le propriétaire du journal, Claude Perdriel, et le directeur de la rédaction, Laurent Joffrin. Enjeu de la bataille ? Le choix graphique de la couverture. Un psychodrame haut en couleur, en marge de la vente de l'hebdomadaire au trio propriétaire du Monde, Bergé-Niel-Pigasse.

"Les diplômes qui donnent du travail". C'était le marronnier du Nouvel Obs la semaine dernière. Une couverture inoffensive, mais qui a fait l'objet d'âpres discussions entre Perdriel et Joffrin. "L’un voulait un fond blanc, l’autre le voulait bleu", raconte un journaliste au quotidien Libération. L’un voulait la photo d’une jeune fille blonde, l’autre d’une brune". Ridicule ? "On est sur un truc de fous, c’est absurde", confirme une autre rédactrice selon laquelle le bras de fer aurait duré toute la journée. Résultat ? Une blonde sur fond blanc. Perdriel a remporté la manche :

A la suite de la défaite de Joffrin (qui défendait la ligne Bleu/Brune), les journalistes de l'hebdomadaire ont reçu plusieurs mails. Il fallait au moins ça : "Pour la première fois dans l’histoire du Nouvel Observateur, Claude Perdriel a imposé une couverture contre l’avis explicite et réitéré du directeur de la rédaction", ont écrit Joffrin et plusieurs cadres du journal. Réplique du clan Blanc/Blonde (Perdriel) : "pendant quarante-cinq ans, [j'ai] assuré la réalisation graphique de la couverture et contribué ainsi au développement de la diffusion de l’Obs. Si aujourd’hui je reprends à nouveau cette fonction, c’est que la mauvaise qualité artistique de trop nombreuses couvertures depuis quelques années a beaucoup nui à l’image et à la diffusion de notre journal".

De fait, Perdriel a toujours eu son mot à dire sur les couvertures du magazine. Mais depuis l'annonce de la vente prochaine de l'hebdomadaire aux propriétaires du Monde, la pression de l'encore actionnaire majoritaire sur le directeur de la rédaction pour le choix de la Une se serait encore accrue : depuis janvier, "chaque Une s’attire les foudres de Perdriel. Après la conférence de François Hollande, il se plaint que la couverture ne soit pas consacrée au tournant «mendésiste», précise un journaliste, du président. Alors que l’Obs l’est, à ce qu’il paraît, mendésiste. La SDR intervient. Car Perdriel vient, contre son avis, de faire adopter en conseil de surveillance un texte lui donnant plus de droits sur le titre et les choix de une", explique Libé. Perdriel veut d'autant plus avoir la main sur la couverture, assure Libé, que plusieurs Unes du magazine lui ont déplu sur le fond, et ont fait polémique. C'est le cas de celle sur la dangerosité des OGM (fondée sur une étude dont le sérieux a rapidement été mis en cause) et celle sur le livre de Marcela Iacub consacré à DSK. Soit du jaune, du noir, du rouge (et un peu de violet) :

Du côté de la rédaction, cette bataille colorée est diversement interprétée : "On est dans l’irrationnel, l’affect : Claude Perdriel n’est pas un dictateur, il fait le deuil d’une époque où il était le patron", assure un journaliste. Pour d'autres, cette lutte a pour but "d'affaiblir la direction, et permettre aux nouveaux actionnaires de placer une nouvelle équipe". Suite du feuilleton des goûts et des couleuvres dès jeudi.

L'occasion de voir notre émission sur l'étude Séralini sur les OGM, ou de lire la chronique de Daniel Schneidermann sur Iacub, intitulée "Du journalisme ou du cochon ?"

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