Rue89 : "intégration forcée à l'Obs"
La rédaction - - 0 commentaires"Des choix qui détruisent l'identité de Rue89", "intégration forcée de Rue89 à l'Obs", deux tribunes publiées sur le site regrettent les choix de la maison mère, le Nouvel Obs. Le haut de la page de Rue 89 change pour faire une plus grosse place à l'Obs. La direction du site n'est pas enchantée, les journalistes voient la "pérennité du site" menacée.
Où est passé Rue 89 ? Dans la nuit du 5 au 6 décembre, le site de Rue 89 a changé : le logo a diminué de taille et l'URL est devenue http///rue89.nouvelobs.com. Ce changement a été imposé par Le Nouvel Observateur (propriétaire à 100% du site depuis janvier 2012) "à la suite d’une modification des règles de mesure d’audience par l’institut Médiamétrie, auquel les annonceurs publicitaires font confiance." En effet "le 21 novembre, cet institut a décidé de ne plus accepter d’agréger, pour évaluer le poids d’un média, les audiences de sites trop différents", détaille la direction du site dans une tribune publiée ce vendredi 6 décembre. Selon la direction de Rue89, le Nouvel Obs "aurait préféré rester dans la configuration précédente". Le directoire n'est pas ravi, mais le dit gentiment: "ce changement ne nous enchante pas". Cette décision du Nouvel Obs intervient car le groupe voulait garder Rue 89 dans son giron dans la capitalisation des visiteurs uniques mensuels. L'apport de Rue 89 permet en effet de gonfler l'audience et de vendre plus cher aux annonceurs la publicité en ligne.
La rédaction a également réagi et c'est peu dire qu'elle est plus inquiète. Dans sa tribune on peut ainsi lire : "Changement de place du logo et ajout du mot «partenaire», changement de l’URL, rétrogradation de Rue89 au rang d’«apporteur de contenus», changement des icônes... Ce ne sont pas que des détails graphiques. Ces choix détruisent de fait l’identité de Rue89." Sophie Caillat, signataire du texte, jointe par @si, explique qu"'il aurait fallu sortir Rue89 du groupe du Nouvel Obs dans les critères de Médiamétrie". Les journalistes ne reprochent rien à la direction du site, "on a de bonne relations avec le directoire", "c'est le Nouvel Obs qui détient les décisions stratégiques et décisionnaires" confie encore la journaliste. Même si la direction comme les journalistes précisent que "la liberté éditoriale a toujours été respectée", Caillat voit dans ces changement "la suite logique du rachat". Les journalistes regrettent également la fin de Rue89 Sport, les départs non remplacés, le gel des embauches et "l’obligation pour Rue89 de quitter le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil)".
Par Justin Delépine
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