Rob Ford maire toxico, héros des banlieues de Toronto

Gilles Klein - - 0 commentaires

Un maire consommateur de crack populaire ? C'est Rob Ford le maire de Toronto pourtant privé de tous ses pouvoirs par son conseil municipal lassé de ses dérapages entre alcool, drogues et prostituées. Mais Ford est plus populaire que jamais souligne le National Post. Pour le Monde, Ford est l'homme des banlieues frustrées face au centre-ville.

Rob Ford, maire de Toronto, 4e ville d'Amérique du Nord, semble être inoxydable. Coupable de conflits d'intérêts, il a été destitué de son poste en novembre 2012, mais une Cour d'appel lui a sauvé la mise en janvier 2013. Tandis que le conseil municipal lui a retiré tous ses pouvoirs, après avoir vu une vidéo où il fumait du crack avec des trafiquants, et une autre, où totalement ivre, il promettait de tuer ou de faire tuer quelqu'un qui le gênait (@si vous racontait tout cela ici). Cela ne l'empêche pas d'annoncer qu'il sera candidat à la mairie lors de la prochaine élection, et sa popularité qui a encore augmenté après les révélations sur ses multiples dérapages, ne peut que l'encourager.

"Mieux vaut un maire qui fume du crack qu'un dingue qui aime les syndicats". C'est le titre de la page courrier des lecteurs du National Post consacré à Rob Ford, maire de Toronto. Elle fait allusion à son prédécesseur David Miller, un maire de gauche. Ford lui, n'est pas un saint, il a été obligé de reconnaître, après des mois de dénégation qu'il se droguait et buvait plus que de raison, sous l'oeil de la police qui surveillait ses relations avec des trafiquants, arrêtés depuis, tandis qu'une partie de ses proches conseillers, liés à des scandales, démissionnaient les uns après les autres.

"Malgré toute la mauvaise publicité dont il a été l'objet depuis des semaines, Rob Ford le maire de Toronto pourrait être réélu si les lecteurs du National Post votaient. Ils ont répondu à notre question «Voteriez-vous pour Rob Ford, s'il postulait au poste de maire de votre commune ?" constate le quotidien qui consacre une page entière à des extraits de lettres de lecteurs.

L'une d'entre elles affirme : "Je voterai immédiatement pour lui" L'autre dit qu'il le préfère à celui qui veut mettre à disposition des vélos qui coûteront des millions pour que quelques yuppies les utilisent.

"On peut accepter tous les défauts et les faiblesses, tant que ses intentions sont bonnes, et qu'il fait attention à bien utiliser chaque dollar d'impôt sur le salaire durement gagné", considère un autre lecteur.

Ensuite, un habitant de Montréal ajoute qu'il voterait aussi pour Ford parce qu'il a réduit les impôts.

"Il a des problèmes de toxicomanie, mais au moins il n'a pas de projet de tramway qui passerait juste devant la fenêtre de mon salon" explique un habitant de Toronto, comme celui qui applaudit Ford. Ford apparaît même comme un David qui affronte les Golitahs : les "politiciens élitistes et moralisateurs", le "lobby homosexuel" et les médias....

Page courrier des lecteurs du National Post du 25 novembre 2013

Citant le créateur d'une page Facebook favorable à Ford, l'envoyée spéciale du Monde (accès abonnés) estime que l'élection de Ford et sa popularité persistante ilustrent la révolte des banlieues contre le centre-ville : "Pour ce vendeur de posters de sports dans la banlieue d'Etobicoke, qui a participé à la campagne de Rob Ford, son élection est le symbole «du réveil d'un géant assoupi». Celui des cinq banlieues de Toronto, qui rassemblent près de 70 % des 2,5 millions d'habitants de la ville."

"En 1997, ces banlieues, qui constituaient jusque-là des villes autonomes, ont été rattachées à Toronto, au nom de la création d'une mégalopole d'ampleur internationale.«En faisant cette amalgamation, on a fait cohabiter sous le même toit des familles complètement différentes», résume Zack Taylor, professeur de politique urbaine à l'université de Scarborough." explique Le Monde.

Pendant sa campagne, Ford disait vouloir "défendre le conducteur" ajoute Le Monde "promettant la suppression d'une taxe très impopulaire sur l'immatriculation des voitures (...) Il avait également lancé une guerre symbolique contre tous les projets de pistes cyclables dans le centre-ville, conçues «seulement pour les élites du centre, et qui ralentissent les voitures".

Le Premier ministre conservateur n'a pas lâché son allié

"Il abîme la réputation du Canada" estime une tribune publiée dans l'hebdomadaire Moose Jaw Express sorti aujourd'hui, en expliquant que l'affaire Rob Ford fait qu'à l'étranger le Canada est vu comme un pays démocratique mis à genoux par des politiciens incompétents et corrompus.

Mais, Harper, le Premier ministre conservateur canadien ne lâche toujours pas son allié Ford comme comme le souligne un lecteur du quotidien Acadie Nouvelle, (un des rares indignés cités dans la presse canadienne aujourd'hui), à propos du communiqué du bureau de Harper : "Dans ce communiqué, on comprend que son Bureau désapprouve ce qui s’est passé dans la capitale ontarienne, mais il ne mentionne nullement le nom du maire torontois. Comprenez-vous pourquoi? Rob Ford est un conservateur convaincu!"

Quoi qu'il en soit le grand déballage n'est pas fini puisque "de nouvelles informations provenant de l'enquête policière sur le maire de Toronto, Rob Ford, pourront être dévoilées le 6 décembre puisqu'elles sont d'un grand intérêt pour le public, a tranché un juge, mercredi" annoncent le quotidien francophone La Presse, le St Thomas Times et 24 Hours Toronto.

St Thomas Times, 28 novembre 2013

24 Hours Toronto, 28 novembre 2013

L'occasion de lire notre observatoire Le long combat de la presse de Toronto contre son maire, alcolique et toxico

Lire sur arretsurimages.net.