Corruption Chine : censure et suspension chez Bloomberg

Gilles Klein - - Silences & censures - 0 commentaires


L'agence d'information économique Bloomberg News a suspendu un journaliste soupçonné d'avoir fait fuiter une accusation de censure sur une information concernant un milliardaire chinois. Bloomberg n'aurait pas diffusé un article pour éviter de voir l'expansion du groupe Bloomberg en Chine remise en cause.

Trop gênant pour la Chine ? Michael Forsythe, journaliste chevronné travaille pour Bloomberg depuis 11 ans. Il est basé à Hong Kong et a été plusieurs fois primé pour ses enquêtes.

Forsythe a été suspendu sans paie par l'agence Bloomberg News (information révélée par le tabloid New York Post) qui l'accuse d'avoir été la source d'articles gênants pour le pouvoir chinois. L'agence a décidé de ne pas publier l'enquête gênante.

Pis, Forsythe a été raccompagné jusqu'à la porte des bureaux  de Bloomberg le 14 novembre dernier. L'agence envisagerait de le licencier.

Le New York Times a révélé, le 8 novembre sur son site et le 9 novembre à la Une, que l'agence Bloomberg News était soupçonnée d'avoir censuré une enquête sur les liens entre Wang Jianlin (l'homme le plus riche de Chine selon Forbes magazine, fondateur et président du groupe immobilier Dalian Wanda acheteur récent d'un Picasso à 28 millions $) et les familles de responsables politiques au pouvoir en Chine.

Matthew Winkler, le patron de Bloomberg News forte de 1 950 journalistes répartis dans 150 bureaux dans le monde, aurait dit aux quatre journalistes qui enquêtaient sur Jianlin et son réseau d'influence, depuis près d'un an, que le business de l'agence en Chine s'arrêterait si leur travail était publié.

Outre son activité d'information, Bloomberg loue des terminaux informatiques affichant informations et analyse financière des marchés boursiers en temps réel, à raison d'environ 20 000 dollars par an et par terminal.

Winkler qui a fondé Bloomberg News en 1990 avec le milliardaire Michael Bloomberg (qui va quitter son poste de maire de New York) est naturellement concerné par l'importance du marché chinois où l'économie est en pleine expansion, pour le groupe Bloomberg.

pictoMatthew Winkler, patron de Bloomberg News

Face aux accusations, Winkler avait déclaré : "Il est absolument faux que nous ayons retardé une publication en raison de pressions extérieures", ajoutant que l'enquête n'était tout simplement pas encore prête à être publiée. Mais, selon le New York Times, c'est au cours d'une conférence téléphonique qu'il aurait annoncé sa décision aux quatre reporters, comparant même cette décision à "l'auto-censure qui régnait chez les correspondants de médias étrangers dans l'Allemagne nazie, ce qui leur permettait de continuer à travaller sur place".

Winkler a aussi répondu que l'une des patronnes de la rédaction de Bloomberg News, Laurie Hays, était d'accord avec son analyse. Mais un e-mail de Hays daté du 18 septembre, obtenu par le Financial Times, indiquait que l'enquête "était quasi terminée". Elle avait même été relue par d'autres patrons de la rédaction et les avocats vérifiaient son contenu. Jonathan Kaufman, managing editor, vantait le 27 septembre une enquête "exceptionnelle". Dans un autre e-mail, il ajoutait : "Il s'agit d'une vraie révélation. J'ai hâte que nous la publiions." Puis soudain au mois d'octobre Hays a indiqué que l'enquête était mise en pause.

Une société d'animation chinoise basée sur l'île de Taiwan, a publié une courte vidéo satirique accusant Michael Bloomberg et Winkler de se mettre à genoux devant le pouvoir chinois symbolisé par un Panda, pour gagner plus d'argent en Chine.

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