Finkielkraut : un avis sur tout, documenté sur rien (Le Monde)
Gilles Klein - - 0 commentairesMal-aimé autoproclamé, mais invité sur tous les plateaux, Alain Finkielkraut parle du conflit israélo-palestinien sans jamais aller voir les Palestiniens, critique des films sans les avoir vus, et vitupère Internet sans l'utiliser jusqu'à présent constate un article au vitriol du Monde (accès abonnés).
Interrogé par les medias sur tous les sujets, Alain Finkielkraut se soucie peu de se documenter, estime Le Monde, dans un portrait très fouillé du philosophe. Auteur de l'enquête, Jérôme Fénoglio estime que Finkielkraut ressemble "à ce pays qui n'en finit pas de broyer du noir." avant de souligner son omniprésence médiatique. "Chéri des médias de son temps, Alain Finkielkraut peaufine en public depuis des années son personnage de contradicteur officiel de la bien-pensance, de pourfendeur du «politiquement correct».Chacun de ses traits pourrait composer une iconographie du penseur en milieu hostile, maltraité, mal-aimé mais invité partout" Une omniprésence contradictoire avec sa volonté de se préssenter en victime : "Ce polémiste qui joue sur les apparences du seul contre tous, n'a rien d'un ermite. (...) Quand une critique lui déplaît, il sait exactement à qui le faire savoir au sein de chaque organe de presse. Et quand Jean Daniel – sous le haut patronage duquel il a placé son dernier livre – écrit à son propos, dans leNouvel Observateur, une phrase qui concentre tous les mots qu'il redoute - «excès», «réactionnaire», «pamphlet» - il en adresse le reproche directement à l'auteur. Ses vitupérations contre la«police de la pensée», et la télégénie de ses emportements, lui assurent, à chacune de ses publications, une couverture médiatique hors de proportion avec sa posture de victime du système." |
Autre reproche formulé par Le Monde, Finkielkraut parle du conflit israélo-palestinien mais n'est jamais allé voir les territoires palestiniens, ni même n'a accepté d'aller dialoguer dans une banlieue en France, raconte Rony Brauman qui a écrit avec lui un livre sur le sujet :
«A ma grande stupéfaction, à l'époque où nous dialoguions sur Israël, il ne s'est jamais rendu dans les Territoires, du côté des Palestiniens,se rappelle l'ancien président de MSF, Rony Brauman, coauteur avec Finkielkraut, en 2006, de La discorde. Israël Palestine, les Juifs, la France (Mille et une nuits).Il disait qu'il savait d'avance ce qu'il y avait à voir. À cette époque, j'allais parler du conflit dans les banlieues, je lui ai proposé en vain de venir pour éprouver ce miracle relationnel qui peut survenir lors d'une rencontre. Dans ses essais, il condamne la raison pure, il donne leur place aux passions, à l'émotion. Mais cette émotion-là, née de l'échange direct, il se l'interdit.».
De même souligne Le Monde, il dénonce la vision d'Abdellatif Kechiche sur la colonisation sans avoir vu son film, comme il avait condamné sans appel la Palme d'or décernée à un film d'Emir Kusturica qu'il a ensuite reconnu n'avoir jamais vu. Enfin, Finkielkraut condamne l'usage des nouvelles technologies, sans rien en connaître, puisque jusqu'à présent, il n'avait ni ordinateur, ni téléphone portable.
Mais cela pourrait changer, car dans un entretien au Mouv signalé par les Inrocks, Finkielkraut qui présentait Internet comme“la poubelle de toutes les informations”reconnaît être"un handicapé informatique" mais il ajoute"je vais peut-être me mettre de moi-même à Internet, si les personnes qui m’aident actuellement se lassent". Tout en ajoutant que cette pratique sera limitée "Mais quand bien même, j’accepterais d’apprendre à m’en servir ce qui serait la moindre chose,ça ne serait pas pour naviguer ou lire sur Internet, mais pour imprimer des documents."
Que connait exactement d'Internet Alain Finkielkraut ? C'est ce que nous avions tenté de cerner dans notre émission"Mais si, il y a des lois sur Internet, Alain Finkielkraut!", organisée justement...parce que Finkielkraut avait critiqué une précédente émission, sans l'avoir vue.