Attaque ambassade US en Libye : CBS critiquée

Gilles Klein - - 0 commentaires

CBS a diffusé une enquête dans son émission 60 Minutes sur l'attaque qui a coûté la vie à son ambassadeur en Libye le 11 septembre 2012. Mais plusieurs médias ont souligné que le principal témoin, au centre de l'enquête de CBS, avait déclaré, par ailleurs, n'avoir pas assisté à l'attaque qu'il a pourtant décrite sur CBS.

L'affaire de l'attaque de la mission diplomatique US à Benghazi reste un sujet brûlant, même un an après. Depuis le 11 septembre 2012, l'administration Obama est, en effet, accusée par l'opposition républicaine d'avoir caché la vérité sur les circonstances qui ont entouré la mort de son ambassadeur, Christopher Stevens, et de trois autres Américains.

L'émission 60 Minutes de CBS diffusée le 27 octobre, et présentée par la journaliste Lara Logan qui dit avoir rencontré une centaine de témoins, était donc très attendue.

L'administration Obama avait d'abord indiqué que l'attaque était une manifestation qui avait dégénéré, avant de reconnaître qu'il s'agissait d'une action terroriste de grande envergure conduite par des éléments lourdement armés.

pictoLe témoin principal de l'émission, qui était chargé de la sécurité locale de la mission est un ancien soldat britannique présenté sous le nom de Morgan Jones, un pseudo.

Al Quaeda avait annoncé que le batiment américain serait attaqué. Mais aucune mesure n'a été prise, malgré un système de sécurité nettement insuffisant en hommes et en moyens. Quand l'attaque a commencé la milice libyenne a fui, et l'assaut très bien préparé (l'adjoint de l'ambassadeur évoque des tirs de mortier, très précis, malgré la nuit, qui ont tué 2 des commandos américains présents sur un toit plat) a duré plusieurs heures. Les terroristes, nombreux, ont envahi l'ensemble des installations.

L'ex-soldat britannique raconte s'être rendu dans la mission pendant l'attaque, avant d'aller jusqu'à l'hopital où il a vu le corps de l'ambassadeur.

L'ex-soldat britannique Dylan Davies témoigne sous un nom d'emprunt Morgan Jones

Le 1er novembre, le Washington Post, publie le vrai nom de l'ex-militaire britannique (Dylan Davies) tout en critiquant le contenu de l'émission. Le quotidien souligne que, trois jours après l'attaque, dans son rapport à son employeur, la société de sécurité britannique Blue Moutain (sous contrat avec le ministère des Affaires étrangères américain), ce mercenaire dit avoir passé la majeure partie de la nuit, dans sa villa au bord de la plage. Et il indique qu'il a essayé, sans réussir de rejoindre la mission US parce que les routes étaient barrées.

Pour sa défense Davies a alors répondu, dans une interview au site The Daily Beast que ses supérieurs lui avaient ordonné de rester à l'écart de la mission US et qu'il ne voulait pas qu'ils sachent qu'il n'avait pas obéi. Citée par le New York Times, CBS maintient que ses informations sont fiables, tandis qu'au contraire l'administration Obama, sous couvert de l'anonymat, déclare que 60 Minutes devrait présenter ses excuses.

Bien qu'en théorie, les dizaines d'Américains présents sur place au cours de cette nuit tragique (diplomates ou membres de la CIA) soient libres de témoigner devant le Congrès, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la justice ont indiqué que ces éventuels témoignages pourraient compromettre la validité de leur témoignage devant la justice quand les organisateurs de l'attaque seront poursuivis par la justice américaine.

Pour l'opposition républicaine c'est la preuve que l'équipe Obama est gênée et ne veut pas s'expliquer sur son absence de réaction quand elle a été prévenue des risques courus par cette mission qui aurait du être temporairement fermée.

Autre problème : Dylan Davies a écrit sous son pseudonyme Morgan Jones, The Embassy House, un livre sur l'attaque. Et ce livre a été publié justement au moment de la diffusion de 60 Minutes (l'éditeurThreshold Editions, est un département des éditions Simon and Schuster, filiale de... CBS).

Citée par le New York Times, la journaliste, Logan, explique les critiques dont son équipe fait l'objet par l'enjeu politique qui oppose l'adminsitration Obama et les républicains. Elle reconnaît toutefois que CBS a été maladroit en ne mentionnant pas la publication du livre par l'une de ses filiales. Et le président de CBS News, Jeffrey Fager, a lui aussi, indiqué qu'il regrettait de ne pas avoir communiqué sur le lien entre la chaîne et le livre.

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