Drogue / bitcoin : la presse s'alarme. Un peu vite ?

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Plus de drogue, plus de bitcoins ? Depuis que le FBI a fermé mercredi le site de vente en ligne de drogues Silk Road – littéralement route de la soie –, le cours de la monnaie virtuelle a chuté. Le bitcoin est-il pour autant en péril ?

Ni vu ni connu : l’un des attraits de la monnaie virtuelle bitcoin – mise à nu par l’éconaute – est de permettre des échanges d’argent anonyme. Et donc des achats pas toujours légaux voire pas du tout.

C’est ainsi que sur le site Silk Road, avant sa fermeture mercredi par le FBI, on pouvait acheter toutes sortes de drogue mais aussi, selon cet article du Monde.fr, "des manuels pour hacker des distributeurs d'argent, des armes, ou encore des contacts de faux-monnayeurs. […] Pour régler les achats, les internautes utilisaient la monnaie virtuelle «bitcoin», qui garantit la confidentialité : les transactions y sont anonymes, et le vendeur ne connaît pas l'acheteur. La seule information révélée était l'adresse de livraison."

Souvent présenté comme l’eBay de la drogue quand ce n’est pas l’Amazon de la drogue, le site créé il y a deux ans seulement n’était pas un petit point de vente confidentiel. D’après Télérama, "The Silk Road tenait plus de la machine de guerre que du petit artisanat. Outre les 80 millions de dollars perçus par Ulbricht au titre de sa commission sur les transactions, 1 million d’utilisateurs auraient dépensé 1,2 milliard de dollars sur le site. En perquisitionnant, le FBI aurait mis la main sur 3,6 millions de dollars en bitcoins, soit 26 000 bitcoins". Résultat : "quelques heures à peine après le blitzkrieg du FBI, le cours de la monnaie virtuelle a chuté de plus de 15%". Selon Le Figaro, "sur le site de vente de bitcoins Bitstamp, la valeur d'un bitcoin est passée de 125 dollars à 90 dollars mercredi soir. Néanmoins, jeudi après-midi, le bitcoin s'échangeait à 110dollars (81euros)."

La chute risque donc d’être éphémère et la fermeture de Silk Road n’aurait pas d’effet à long terme sur la valeur du bitcoin comme l’estime Patrick Muck, avocat de la fondation Bitcoin interrogé par le magazine américain Wiredet repris par Le Figaro : "les fluctuations d'une journée riche en événements ne permettent pas d'évaluer la valeur du système". Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la monnaie virtuelle joue au yoyo et connaît des krachs largement médiatisés. Mais, à en croire l’article du monde.fr, le site de vente de drogue représentait tout de même la moitié de l'activité de bitcoin. Rien d’alarmant pour autant selon Bloomberg qui estime que "bitcoin n'a plus besoin aujourd'hui de Silk Road. La monnaie présente toujours des risques importants, mais le fait qu'elle ait à l'avenir une base de clients faite de start-ups légales plutôt que de barons de la drogue ne peut être qu'une bonne chose pour son développement". Rappelons également que, cet été, la monnaie virtuelle a été reconnue comme unité d’échange privé par l’Allemagne, une façon de sortir de la clandestinité et accessoirement d’être taxée comme nous le racontions ici.

Cela dit, conclut la journaliste du Monde, l’échange de bitcoins peut très bien prospérer sur des sites similaires recensés notamment sur Businessinsider. Ou pas. Le journaliste de Telerama s'interroge : "The Silk Road sera-t-il le MegaUpload du web profond ? Il y a quelques semaines, son concurrent, Atlantis, a préféré fermer ses portes, invoquant des raisons de sécurité. Dans un climat de paranoïa alimenté par les révélations d’Edward Snowden, les internautes qui pratiquent le hors-piste vont-ils devoir descendre encore un peu plus profond ? […] Sur l’autoroute de la soie, les plus prudents ont peut-être déjà pris la clé des champs."

>> Pour tout savoir sur le bitcoin sans pour autant vouloir acheter des produits illicites, lisez ou relisez la chronique de l'éconaute.

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