L'Express : grève des signatures sur le site

Laure Daussy - - 0 commentaires

"A quoi bon signer puisque tout rédacteur est appelé à être interchangeable, à écrire aussi bien sur la Syrie que sur le PSG?"

Les journalistes de L'Express et de l'Express.fr protestent contre une réorganisation de la rédaction et entament une "grève des signatures" jusqu’au 9 octobre, a annoncé la SDJ (Société des Journalistes) au site 20minutes. Le plan qui doit entrer en vigueur le 21 octobre prévoit une répartition des journalistes entre "40 % de desk, consistant essentiellement en traitement des dépêches" et "60% seulement consacrés à un réel travail journalistique" dénonce la SDJ.

"Cette réorganisation se fait malgré l’opposition unanime de la rédaction du site, des syndicats et de la SDJ à l’origine d’une motion sur le sujet votée à l’unanimité", détaille la SDJ dans son communiqué."Elle aura surtout des répercussions immédiates sur la qualité du site et bouleversera à court ou moyen terme le métier de journaliste à L’Express."

Joint par @si, Eric Mettout, directeur-adjoint de la rédaction de l'Express, en charge du numérique, estime que la rédaction de l'Express.fr a besoin de cette réorganisation pour être "plus efficace" car le site souffre d'un "problème de continuité dans son alimentation, des périodes où beaucoup de choses sont publiées et d'autres moments rien". "Le travail de desk, les journalistes le font déjà, mais avec le nouveau système, ils en feront moins", assure-t-il. Jusque-là, sur une journée de travail, un journaliste du web était à la fois sur du desk (travail de réécriture de dépêches, alertes sur les mobiles), et du travail appelé "Rebonds" (approfondissement d'un sujet, diaporama, google map...). Avec la réorganisation, il s'agit de "segmenter" : 3 semaines de desk, 5 semaines de "rebonds". Il assure qu'aucun journaliste du journal papier  ne sera concerné par cette réorganisation.

Mais la SDJ, contactée par @si, pointe plusieurs problèmes : "jusque-là, les journalistes du web étaient spécialisés. Avec ce nouveau système, c'est la personne de permanence qui traite d'un sujet, pas le journaliste spécialisé, au risque de perdre en qualité". "Avec le nouveau système on devient généraliste par défaut, et de temps en temps spécialiste". Autre changement : des horaires de desk décalés, pour suivre les pics d'audience, plus tôt le matin (de 7h à 15h, et de 14h à 22h), "ce qui a pour conséquence un impact sur la vie personnelle des rédacteurs".

Selon la SDJ, ce plan concernerait aussi les journalistes du papier. Elle cite des propos tenus par Christophe Barbier aux rédacteurs du site qui inquiètent ceux du papier : "Il se passe parfois 3 ou 4 semaines sans impératif pour les journalistes (du print). Il faudra alors les chaperonner pour qu'ils traitent de l'actu chaude ou les intégrer à des groupes de 2 ou 3 personnes en "rebonds" sur le site." Les syndicats ont rendu un avis négatif sur ce plan vendredi dernier en comité d’entreprise. La direction est passée en force, menaçant les syndicats de poursuites judiciaires pour avoir fait obstruction à cette réorganisation.

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