Prism : l'Etat US espionne via les géants du Net
Gilles Klein - - 0 commentairesNouvelle révélation, après l'espionnage des conversations téléphoniques signalé par le Guardian. Avec le programme Prism, la
National Security Agency (NSA) et le FBI accèderaient directement aux serveurs centraux de neuf grandes sociétés américaines de l'Internet, pour surveiller conversations audio et vidéo, photographies, e-mails, documents et historiques de connexion selon un document secret longuement révélé par le Washington Post, et brièvement par le Guardian.
En tête de la présentation officielle (mais secrète) de Prism
"Les USA fouillent les donnés des sociétés Internet comme le prouve un document" titre le Washington Post qui consacre deux longues pages à cette nouvelle affaire de surveillance exercée par l'Etat américain. Le Guardian britannique consacre sa Une et deux très courts articles au même sujet.
Le Washington Post a obtenu une présentation d'un programme secret appelé Prism : 43 pages datant d'avril 2013.
Grace à Prism, la National Security Agency (NSA) et le FBI fouillent directement dans les serveurs de neuf sociétés américaines de l'Internet, explique le quotidien. Le journal détaille ensuite le système officiellement destiné à surveiller des menaces venant de l'étranger. Les sociétés concernées sont Microsoft, Yahoo, Google, Facebook, AOL, Skype, YouTube, Apple, et PalTalk (service de chat avec 150 millions d'utilisateurs dont 10 millions dans le monde). Prism, qui a débuté en 2007 par l'accès aux serveurs de Microsoft, est approuvé par la justice américaine.
Ces sociétés disent tout ignorer de ce programme, et démentent autoriser le gouvernement à l'utiliser. Elles ajoutent qu'elles ne fournissent que des données limitées uniquement sur des cas précis, après avoir été mises en demeure de le faire par la justice.
Mais James R. Clapper, Director of National Intelligence (DNI), et conseiller d'Obama en matière de sécurité, a confirmé son existence en précisant : "Les informations obtenues sont parmi les sources les plus importantes obtenues sur des activités étrangères, et elles servent à protéger notre pays contre une grande variété de menaces. La divulgation illégale d'informations sur ce programme totalement légal doit être condamnée et elle met en cause la sécuité des Américains." Clapper a assuré qu'il y avait de nombreuses erreurs dans la présentation qu'en fait le Washington Post, sans toutefois préciser lesquelles. Le journal indique que Prism approvisionne le briefing quotidien remis à Obama. Il a été mentionné 1 477 fois l'an dernier dans les mémos présidentiels.
Le Guardian consacre l'intégralité de sa Une à Prism, mais seulement une page intérieure, avec deux articles très courts. |
Deux pages très détaillées dans le Washington Post.
Depuis 2005, la National Security Agency (NSA) qui est aussi le Central Security Service (CSS) est dirigée par le même général, Keith Alexander. Alexander est aussi Commandant du U.S. Cyber Command (USCYBERCOM). Les missions de la NSA/CSS définies par un Executive Order datant de 1981, incluent Signals Intelligence (SIGINT), Information Assurance (IA), Computer Network Operations (CNO). Le nombre d'employés de la NSA/CSS est secret, il varie selon les estimations entre 35 000 et 55 000. Elle construit un nouveau centre de surveillance sur près de 100 000 m2 dans le désert de l'Utah qui va coûter deux milliards de dollars. Quand on lui demande ce qui est le plus important, entre défendre les libertés individuelles ou la sécurité nationale, l'adjoint d'Alexander, John C.Inglis, répond officiellement : "C'est un faux débat. Chaque jour, nous devons faire les deux, et ce n'est pas inconciliable. |
Lors d'une conférence sur la cybersécurité organisée par l'agence Reuters, mi-mai, il y a deux semaines, Alexander expliquait : "la NSA a plein d'informations sur des terroristes potentiels, et n'a pas la bande passante pour lire les 420 milliards d'e-mails générés par les Américains chaque jour - même si certains gouvernements étrangers ont essayé de le faire. Le plus ironique est que de fait, nous sommes les seuls à ne pas espionner les Américains". Ces propos prennent une résonance toute particulière maintenant que le Guardian a révélé que la NSA récupérait chaque jour les relevés téléphoniques de dizaines de millions d'Américains comme nous vous le racontions ici.