Cinetic'art

L'affiche du festival de Cannes 2013 vient de paraître, elle nous montre Paul Newman et Joanne Woodward dans une scène issue de A New Kind of Love (en français La Fille à la casquette), une bobine de Melville Shavelson parue en 1963 :

Voici la photo de plateau originale…

… qui fut reprise presque à l'identique sur l'affiche étazunienne :

Quelques menues différences, cependant : Paul Newman a ôté sa veste, et Joanne Woodward a troqué son pantalon contre une robe et un jupon. Mais ces deux zozos, qui étaient à la ville mari et femme, ne s'embrassent pas, oh non, surtout pas.

Pour l'affiche du festival, la photo de tournage "a été isolée puis retravaillée et mise en scène par l’agence Bronx, qui l’a intégrée à un décor cinétique, jouant sur l’impression de mouvement et de profondeur pour renforcer l’effet cinématographique, nous dit le site dudit festival. L’affiche donne une image lumineuse et tendre du couple moderne, enlacé en une figure d’équilibre parfait dans ce qui évoque le tourbillon de l’amour. La vision de ces deux amoureux pris de vertige et perdant tout repère appelle à vivre le cinéma comme un désir sans fin."

Mouais. Sauf que les images cinétiques, ce n'est pas ce qu'on fait de plus moderne. L'art cinétique, ou Op Art (pour Optical Art), date des années 50. L'un de ses plus célèbres représentants est Victor Vasarely, qui a peint des tas de trucs qui faisaient mal aux yeux qu'on trouvait en reproductions affichées dans les banques, les compagnies d'assurance et les salles d'attente de médecins spécialistes (les généralistes préférant ordinairement Van Gogh) :

En 2011, exit Clooney, des réclames pour Nespresso s'inspirèrent de Vasarely (voir ce Vite dit) :

Aujourd'hui c'est le festival de Cannes, Joan Woodward et Paul Newman qu'on nous vend… comme des cafetières !

L'occasion de lire ma chronique intitulée Lolita go home !où l'on aperçoit une Lolita Lempicka parée d'un foulard blanc à points noirs, maculé d'une tache rouge.