Avec les Femen je me tâte...
Alain Korkos - - 0 commentaires
À l'heure où les Femen publient un livre sur leur histoire, Charlie Hebdo leur consacre son dernier numéro. Avec, en exclusivité, le manifeste du mouvement.
Le dessin de une, signé Luz, est marrant, il est une caricature parfaite mélangeant portraits-charge de personnages (le pape, Berlusconi et DSK) et caricature de situation. Caricature parfaite quoique un tantinet timorée, si l'on se prend la curiosité de visiter le site ouèbe des Femen qui affiche plusieurs bannières dont celle-ci :
Cette image un tantinet violente d'une femme tenant dans une main une faucille ensanglantée et dans l'autre une paire de testicules coupés va plus loin que le dessin de Luz, a de quoi surprendre. Serait-ce là aussi de l'humour ? Possible. Sauf que les autres bannières du site n'étant pas spécialement comiques, on peut s'interroger :
"Le sextrémisme est une forme non violente, mais très agressive de l'actionnisme", peut-on lire dans le manifeste publié par Charlie Hebdo. Non violente. Ouf.
"Aujourd'hui, sans les médias, tu n'existes pas. Donc, il fallait faire la « une », et pour ça, il fallait provoquer, énerver, il fallait combattre. Mais de manière pacifiste. On ne porte pas d'armes", déclare dans le même hebdomadaire Inna Shevchenko, co-fondatrice des Femen. Pacifiste. Pas d'armes. Re-ouf.
"Femen est une guerre pour les femmes et non une guerre des sexes. La lutte contre l'asservissement des femmes est aussi une affaire d'homme", écrit plus loin Catherine Meurisse, dessinatrice de presse, qui signe un encadré intitulé Stop aux idées reçues ! Pas une guerre des sexes. Re-re-ouf.
Cependant, la contemplation de cette image ne cesse de dire l'inverse.
Peut-on approuver sans aucune réserve toutes les actions, toutes les revendications des Femen, peut-on parler de leur mouvement aussi souvent que possible et toutefois tiquer devant ce visuel à la fois sanglant et puéril ? Je me tâte…
L'occasion de lire ma chronique intitulée Les Femen envahissent le quartier de la Goutte d'Or !, ainsi que cette autre intitulée Corps de papier où il est également questions des Femen mais pas seulement, il en faut un peu aussi pour les autres.