France / GB : réformes bancaires comparées
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Mosco le tiède contre Osborne le dur? C’est en substance le message de la chronique de Philippe Lefébure ce matin sur France Inter. Le journaliste raconte qu’en plein débat à l’assemblée nationale sur le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires, tandis que notre ministre de l’économie Pierre Moscovici soutient sa réforme sur un mode défensif, George Osborne, son homologue anglais, hausse le ton contre les banques. En effet, hier, Osborne a déclaré, depuis la banque américaine JP Morgan où il était invité, vouloir carrément installer une "clôture électrique" entre banques de détail et banques d'investissement. Ce qui tranche, en effet, avec la filialisation prévue en France dont on sait aujourd’hui qu’elle ne concernera pas plus de 2% de l’activité des banques. Histoire de nuancer, Lefébure précise néanmoins "qu'il ne s'agit peut-être que d'une question de ton, de posture" de la part d'Osborne. N'empêche. Le ton est donné.
Excepté Les Echos et Challenges, la presse française a été relativement discrète sur le coup de sang – et la menace – du ministre des finances britannique. En revanche, l’info a fait la une des journaux outre-manche qui n'en attendaient pas moins de la part de leur ministre après la vague de scandales financiers qu'à connu la Grande-Bretagne.
"Le ministre des Finances y va doucement sur la séparation des banques" constate The Independent ce mardi 5 février en estimant qu'Osborne n'a repris que les mesures les plus timides proposées par le rapport parlementaire présenté fin 2011. Comme le reste de la presse britannique, le quotidien rappelle que le sauvetage du Lloyds Banking Group et de Royal Bank of Scotland (RBS) a coûté aux contribuables 75 milliards d'euros. RBS a, depuis, été mêlée au scandale de la manipulation du Libor qui fixe le taux interbancaire. RBS va donc devoir payer une lourde amende d'environ 600 millions d'euros selon certaines rumeurs. Mais comme RBS est contrôlé par l'Etat depuis ce sauvetage, reste à définir si c'est le contribuable qui va encore payer ou si on prélèvera cette amende soit sur les bénéfices soit sur les bonus de sa direction. Certains dirigeants pourraient payer cette condamnation en perdant leur poste. |
"Osborne veut que les banques paient les amendes pour avoir manipulé le Libor" titre le Guardian de ce mardi. Osborne sait donc qu'il a le soutien de l'opinion britannique, favorable à un durcissement du contrôle des banques. Le gouvernement n'a en fait pas le choix et les banques non plus, selon Osborne qui semble vouloir éviter que la colère de l'opinion ne dégénère. "Je chatierai les banques. l'avertissement d'Osborne" titre le tabloïd Daily Star d'aujourd'hui |
"Osborne prévient les banques : respectez les nouvelles règles ou bien vous serez démantelées" titre le Guardian en bas de page, lundi 4 février. Cité par The Independent, Anthony Browne, responsable de la British Bankers' Association, s'insurge : "Cela va inquiéter les investisseurs, rendant plus difficile pour les banques de lever des capitaux, ce qui signifie finalement que les banques auront moins d'argent à prêter aux entreprises." "Nous n'allons pas répéter les erreurs du passé. En Amérique et ailleurs, les banques ont trouvé les moyens de saper et de contourner les règles" a aussi ajouté Osborne, cité par leWall Street Journal. Le ministre espère que la nouvelle loi soumise au parlement entrera en vigueur en février 2014. |
(Anne-Sophie Jacques et Gilles Klein)
Pour tout savoir sur la réforme bancaire, plongez dans le dossier consacré aux banques, ces mastodontes incontrôlés.