Argentine / défaut / fonds vautour : frégate saisie
Gilles Klein - - 0 commentairesDepuis le début du mois d'octobre, un fonds d'investissement a fait saisir dans un port ghanéen le voilier-école Libertad de la marine argentine, pour obtenir le remboursement d'un prêt à l'Etat argentin. Une suite de la décision du pays de se mettre en défaut de paiement, en 2001.
"La présidente laisse la frégate au Ghana mais rapatrie l'équipage" titrait le quotidien Clarin le 23 octobre dernier. Pour l'Argentine, la saisie effectuée par la justice ghanéenne le 2 octobre dans le port de Tema est un affront injustifié commis par NML, un "fonds vautour" basé aux îles Caiman, à qui l'Argentine a toujours refusé de rembourser les titres de sa dette que NML a rachetés. La présidente, Cristina Kirchner, considère que son voilier-école militaire (un 3 mâts de 103 m de long) est protégé par l'immunité diplomatique et a, vainement, demandé l'intervention de l'ONU. 281 membres d'équipage ont été rapatriés par un vol Air France spécialement affrété, il ne reste plus que 44 marins à bord. L'entretien du navire, les salaires de l'équipage, l'affrètement de l'avion ont déja coûté plus de 2,6 millions selon La Nacion. L'affaire a coûté son poste au chef d'état-major. Ce conflit est une conséquence de la décision de l'Argentine de se mettre en défaut de paiement en décembre 2001. En 2005, le pays avait négocié et soldé plus de 90% de sa dette : les créanciers avaient subi une perte de 40 à 75%. Le pays reste en conflit avec certains créanciers, dont NML, pour moins de 10% de sa dette. |
Un tribunal de New York a donné raison, le 26 octobre, à plusieurs "fonds vautour", dont NML, estimant que l'Argentine n'avait pas traité tous ses créanciers de la même manière. Mais la justice américaine n'a pas encore indiqué le montant dû par l'Argentine, qui comprendra sans doute des indemnités de retard. L'Argentine avait remboursé ceux qui avaient accepté de négocier à la baisse, et refusé de payer ceux qui n'étaient pas d'accord, comme NML.
NML n'en est pas à son premier coup contre l'Argentine. Il avait réussi à faire saisir les fonds de l'ambassade d'Argentine à Paris, avant qu'il ne soient débloqués en s'appuyant sur l'immunité diplomatique rappelle l'AFP. Le New York Post signalait, le 10 octobre, que le fonds NML Capital, qui a fait saisir le navire, appartient au milliardaire américain Paul Singer, qui demande 20 millions de dollars pour lever la saisie. Singer a ainsi repris une dette de 32,6 millions de dollars du Congo-Brazaville pour 2,3 millions, avant de récupérer une centaine de millions d'intérêts au cours des années qui ont suivi ce rachat, souligne le Daily Telegraph britannique. |
Le ministre des Affaires étrangères argentin, Hector Timemen a reconnu que le cas du voilier n'était pas isolé, ajoute La Nacion qui mentionne 28 cas de saisies (qui ont pu être levées) aussi bien en France avec la maison du général José San Martin (qui libéra son pays de la domination espagnole) à Boulogne sur Mer, qu'en Allemagne, en Suisse, en Belgique et aux USA (à New York et à Miami).
Clarin semble dans cette affaire solidaire de la présidente, avec laquelle il est pourtant d'habitude très critique puisqu'elle veut démanteler le groupe de presse qui possède ce quotidien.
L'occasion de consulter notre observatoire Le gouvernement argentin tente de démanteler l'empire de presse Clarin