Conflits d'intérêts pour la nouvelle chaîne TVous ? (Canard)
La rédaction - - 0 commentairesAttention, c'est de la TNT. TVous, la future chaîne privée "de la diversité", choisie en mars par le CSA pour faire partie des 6 nouveaux canaux diffusés à partir de décembre, pourra diffuser des émissions produites par l'audiovisuel public. Hasard ? Elle a été parrainée par le très influent conseiller Culture de l'Elysée, David Kessler. Du "pillage d'argent public" pour une affaire qui flirte avec le conflit d'intérêts ? C'est ce que laisse entendre Le Canard enchaîné aujourd'hui.
Du "pillage d'argent public" pour une affaire qui flirte avec le conflit d'intérêts ? C'est ce que laisse entendre Le Canard enchaîné aujourd'hui.
"Y'en a marre des petits arrangements entre amis (...), du pillage de l'argent public au profit du privé (...), des conflits d'intérêts énormes". Le Canard enchaîné rapporte le coup de sang d'une journaliste de France 24, qui participait à une réunion au ministère de la Culture à propos de l'avenir de l'Audiovisuel extérieur de la France. La cause de sa colère : France 24 envisage de fournir des programmes à des tarifs "pas chers" à la future nouvelle chaîne de la TNT, TVous. Une chaîne privée consacrée à la diversité et parrainée... par le nouveau conseiller de l'Elysée, David Kessler.
"Un groupe public qui file un coup de pouce à une chaîne privée, voilà qui est original", ironise Le Canard enchaîné, avant de raconter la naissance de cette chaîne TNT. C'est en mars 2012 que David Kessler a défendu le projet de TVous devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Celui qui n'est alors pas encore conseiller de l'Elysée a des arguments : les principaux financiers de la chaîne sont Xavier Niel, propriétaire de Free et co-actionnaire du Monde, et Matthieu Pigasse, le patron de Kessler, propriétaire des Inrockuptibles, et lui aussi co-actionnaire du Monde |
Le jour de son oral devant les sages du CSA, Kessler avait un autre atout : "le soutien officiel d'une certaine Fleur Pellerin, membre du Club XXIe Siècle - qui s'est donné pour mission de "valoriser la diversité française" -, et devenue, depuis ministre chargée de l'Economie numérique", explique Le Canard.
Autant dire que la chaîne avait de bons parrains. D'ailleurs, selon un membre du CSA interrogé par Le Canard, le fondateur de TVous, Pascal Houzelot "a défendu le projet le moins convaincant"... ce qui n'a pas empêché la chaîne de décrocher un canal TNT. Mieux : au lendemain de l'élection de Hollande, le 5 juin, lors de la signature de sa convention, le PDG de TVous "a obtenu l'accord inédit du CSA pour se fournir en émissions dans l'audiovisuel public", s'étonne encore l'hebdomadaire. Et voilà comment France 24 s'apprête à fournir quelques heures d'émissions d'info pour une chaîne privée... qui a demandé à la régie publicitaire de France Télévisions de s'occuper de la gestion de ses espaces. Conflit d'intérêts d'un bout à l'autre de la chaîne ?
Contacté par Le Canard, David Kessler a assuré qu'il n'y avait pas de souci puisqu'il ne s'occupait plus de ce dossier. "Ayant plaidé la cause de dossier devant le CSA comme représentant d'un des actionnaires, j'ai dit, dès le premier jour de mon arrivée ici, que je ne voulais en rien intervenir sur aucun des sujets relatifs à ce dossier", explique-t-il. Pourtant, la veille, il avait reçu à l'Elysée Houzelot , le PDG de la chaîne : "Il était venu voir quelqu'un d'autre à l'Elysée, il est passé boire un café", assure Kessler.
L'affaire ne semble pourtant pas très claire, car le cabinet de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a assuré au Canard que la Direction générale des médias et des industries culturelles, qui dépend de Matignon, s'était opposée il y a un mois à l'accord entre TVous et France 24. Qui a bien pu débloquer le dossier ?