Syrie : Jacquier victime d'un tir des rebelles (Figaro)
Laure Daussy - - 0 commentairesLe journaliste de France 2 Gilles Jacquier, tué en janvier en Syrie, est bien mort d'un tir d'obus lancé par les rebelles de Homs, qui visaient un quartier alaouite pro-régime, selon le ministère français de la Défense, cité par le Figaro.
"Les analyses balistiques et les renseignements recueillis sur place par nos sources juste après le drame indiquent que Jacquier a été tué d'un tir d'obus de mortier de 81mm venu d'un quartier sunnite rebelle", déclare au Figaro une source proche du dossier au ministère de la Défense à Paris. Tous les services spécialisés (DCRI et DGSE notamment, NDLR) ainsi que les diplomates de l'ambassade de France à Damas sont d'accord sur cette conclusion, précise cette source au Figaro. |
Le grand reporter de France 2 a été touché par des éclats d'obus alors qu'il sortait d'un immeuble à Homs. Il s'y trouvait en compagnie d'autres journalistes français et suisses qui avaient obtenu un visa et une autorisation officielle pour réaliser un reportage, grâce une religieuse proche du régime.
Le Figaro avait déjà évoqué cette hypothèse, une semaine après l'accident. C'est un responsable d'une association des droits de l'Homme à Homs et un haut responsable de la Ligue arabe qui avaient alors évoqué l'hypothèse d'un tir de rebelles. Des rapports de la Ligue arabe avaient également validé en février la thèse de la bavure des rebelles.
Prisme pro-rebelles ?
Mais un des rapports de la Ligue arabe n'aurait pas été rendu public, selon Le Figaro. Selon un responsable de l'opposition syrienne, c'est la France et le Qatar qui l'avaient demandé : "c'est une affaire désormais entre les mains de la Justice française", lui aurait-on dit. Les uns et les autres soutiennent l'Armée syrienne libre, ils n'ont pas intérêt à ce que les dissidents soient reconnus coupables de l'assassinat d'un journaliste, ajoute ce responsable de l'opposition syrienne.
La France a-t-elle voulu étouffer la version d'un tir rebelle ? Le 1er février, au siège de l'ONU à NewYork, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé faisait valoir que "la Ligue arabe n'avait pas endossé la thèse" du tir rebelle, tout en rappelant le souhait de la France de voir "toute la lumière" faite sur cette disparition, rappelle Le Figaro. Le lendemain de la mort de Jacquier, tout en avouant ne disposer d'aucune preuve, l'Élysée penchait pour un assassinat perpétré par le régime pour dissuader les journalistes d'enquêter sur la révolte anti-Assad, rappelle le journal.
Ces informations du Figaro confirmeraient ainsi le prisme "pro-rebelle" et anti-régime syrien à l'oeuvre en France, que dénonçait dans notre enquête le spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche. Il prenait justement l'exemple du traitement de la mort de Jacquier, et citait l'émission d'hommage d'Envoyé spécial qui, à ses yeux, n'avait pour but que de "prouver qu’il s’agit d’une machination du régime pour tuer des journalistes".
Retrouvez notre dossier : Syrie, guerre à huis-clos