Procès Kerviel : le duel Koubbi/Durand-Souffland

Laure Daussy - - 0 commentaires

Echanges mordants entre l'avocat de Jérome Kerviel, David Koubbi, et le chroniqueur judiciaire du Figaro Stéphane Durand-Souffland.

Depuis le début du procès Kerviel, Durand-Souffland ne se gêne pas pour souligner dans ses articles combien Koubbi serait un mauvais avocat. L'avocat riposte de son côté via twitter. Des échanges savoureux signalés sur son blog par Aliocha, journaliste qui vient d'écrire un livre sur l'affaire Kerviel et qui suit le procès en appel du trader.

Tout a commencé par cet article du Figaro, le 8 juin, qui a déplu au sémillant défenseur de Jérôme Kerviel, raconte Aliocha. Le moment est crucial pour la défense qui vient d’annoncer, à l’issue de la première semaine d’audience, le témoignage en faveur de Jérôme Kerviel d’un anonyme travaillant pour une filiale de la Société Générale. Mais le chroniqueur du Figaro sous-entend qu'il n'y croit pas. Le lundi suivant, le 11 juin, Durand Souffland enfonce le clou, en écrivant : “Son principal avocat intrigue, lui, par sa méconnaissance chronique des usages judiciaires et son incapacité à soumettre ses contradicteurs. Jusqu’à présent, il perd point sur point et sourit d’un air entendu. Son client encourt cinq ans de prison ferme”.

Koubbi dénonce dans un tweet le jour même ce qu’il considère être un parti-pris de la presse : “Saluons la création de la PIF: Presse Indépendante-des-Faits qui fait integralement sienne les positions de la SG”. Même s’il ne désigne pas le chroniqueur du Figaro, tout le monde a compris qui était visé. D’ailleurs un peu plus tard dans la journée, nouveau tweet, qui vise directement Durand-Souffland : “Ooooh Aidez moi a percer les articles SG-side de Duran soufflan du #figaro. Diverger daccord, mais à ce point?#PIF #Kerviel."

Et Durand-Souffland rétorque dans son article suivant :“Quoi qu’il en soit, pour s’amuser, l’avocat vu à la télévision tweete, estimant que les journalistes ne rendent pas compte avec justesse de ses exploits: "Saluons la création de la PIF: Presse Indépendante des Faits, qui fait intégralement sienne (sic) les positions de la SG». C’est drôle, "PIF", pour une défense gadget.”

Au soir de l’audition très attendue du témoin mystère, le Figaro écrit : “Quand Philippe Houbé se retire, à 16 heures, il n’a pas apporté de preuve absolue des turpitudes prêtées à la banque par la défense, dont le cours a oscillé au gré de ses déclarations. Mais il a jeté un trouble diffus, car il a une tête et des mots d’honnête homme -et c’est bien d’humain que manque cette affaire de gros sous et de systèmes informatiques. Cela suffira-t-il pour obtenir la relaxe annoncée au premier jour par la défense?". S'ensuit un nouveau tacle à Koubbi : " Me Koubbi semble le penser, qui quitte le prétoire tel le torero triomphant, en criant très fort qu’il attend avec impatience de lire, ce vendredi matin, une presse qu’il n’aime pas. La trompette de l’avocat n’a pas besoin de beaucoup d’air pour produire beaucoup de bruit, c’est déjà ça”. Koubbi répond encore sur Twitter : “Durand Souffland sort du #PIF avec son article factuel du jour. Quant à la trompette Souffland dedans pour être entendu, j adore!”.

Le journaliste ne lâche pas Koubbi. Le 19 juin, l'avocat est dépeint en docteur House, développant une "défense palliative". Le 21 juin, c’est sous les traits du Sapeur Camember qu’on nous présente la thèse de la manipulation développée par la défense.

Durand-Souffland n'est pas le seul à critiquer la tactique de Koubbi. Dans Le Monde daté de samedi, la chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard fait le bilan du procès, et tacle tout aussi violemment Koubbi : "En remplacement de Me Olivier Metzner, qui a jeté le gant, il [Kerviel] a choisi l'un de ces avocats qui font merveille à défendre leur client aux marches du palais, sans contradicteur, mais qui peinent à démontrer ce qu'ils avancent à l'intérieur de la salle d'audience. Ainsi est Me David Koubbi : la solidité et la rigueur de ses arguments sont inversement proportionnelles à la passion avec laquelle il les énonce.(...) Là où il faudrait jour après jour creuser, même modestement, la faille du doute, ce précieux doute qui doit bénéficier à l'accusé, l'avocat de Jérôme Kerviel tourbillonne, tonitrue, promet chaque jour un nouvel élément. Des documents, un témoin, forcément explosifs. Survendus dehors, lesdits documents ou lesdits témoins se révèlent rarement à la hauteur des promesses devant la cour."

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