Carolis / production : conflit d'intérêts ? (Canard)
La rédaction - - 0 commentairesQuand il était président de France Télévisions, Patrick de Carolis a-t-il assuré ses arrières en favorisant son ancienne boîte de production, qu'il a repris depuis ? C'est ce que laisse entendre Le Canard enchaîné aujourd'hui. S'il n'y a rien d'illégal dans cette affaire, l'hebdomadaire souligne le curieux mélange des genres.
Patrick de Carolis a-t-il assuré ses arrières en favorisant son ancienne boîte de production, qu'il a repris depuis ? C'est ce que laisse entendre Le Canard enchaîné aujourd'hui. S'il n'y a rien d'illégal dans cette affaire, l'hebdomadaire souligne le curieux mélange des genres.
L'histoire commence en 2003 : animateur de l'émission Des Racines et des ailes sur France 3, Patrick de Carolis crée sa propre société, Electric Production, spécialisée dans le documentaire culturel. L'année suivante, il fusionne cette société avec d'autres sociétés détenues par un ancien de M6, le producteur Jean-Luc Orabana. La nouvelle holding est baptisée Way Com. Quand Carolis devient président de France Télévisions en 2005, il cède les 50% de cette société à son associé pour une somme restée confidentielle.
Et Le Canard s'étonne de la suite : "Au cours des cinq années que Carolis passe à la présidence de France Télévisions, Electric connaît un insolent développement, principalement grâce aux commandes de France 3 et France 5. Entre 2006 et 2007, par exemple, cette boîte, qui bossait surtout pour Des racines et des ailes, se diversifie. De huit documentaires produits elle passe à... 31. Et au total, sur cinq ans, ce sont près de 120 docus qui lui sont achetés par la télévision publique ! Résultat : pendant cette période, l'ex-société de Carolis double le chiffre d'affaires d'Electric, de 1,9 à 3,9 millions". Contacté par l'hebdomadaire, son ex-associé assure n'avoir "jamais été favorisé". L'affaire se corse en 2010, lorsque Carolis quitte la présidence de France Télévisions. En octobre de la même année, il crée une nouvelle société, Anaprod. Et dès le mois de mai 2011, cette société est fusionnée avec les autres sociétés de son ancien associé sous le nom de "New Way Com". |
C'est ce montage juridique qui suscite les interrogations du Canard. Car Patrick de Carolis détient 50% des parts du nouvel ensemble alors que sa société ne pesait que 20 000 euros (son capital de départ), quand les boîtes de production de son associé représentaient... 2,82 millions d'euros.
Joint par l'hebdomadaire, Carolis assure d'abord qu'il n'y a "bien entendu jamais eu de passe-droit" pour son ancienne société lorsqu'il était président de France Télévisions. Quant à ses 50% de parts obtenus dans le nouvel ensemble malgré un faible apport, il a une réponse toute trouvée : l'évaluation a été faite en fonction "du potentiel de business que je représente, avec mon carnet d'adresses, et des projets que je suis susceptible de développer", a-t-il déclaré. En clair, un ancien président de France Télévisions, ça n'a pas de prix.