Hausse d'impôts : la fausse surprise du Parisien

Décidément, tout gèle en ce moment. Mais il est un gel qu’on va ressentir jusqu’au mois de septembre : celui du barème de l’impôt sur le revenu, qui devrait engendrer une hausse d’impôts pour 100 000 à 200 000 foyers français. Le Parisien en fait sa Une du jour... alors que l'info est connue depuis le 7 novembre et l'annonce de la mesure dans le cadre du plan de rigueur de François Fillon.

C'est l’info du jour, publiée ce matin par Le Parisien, qui titre sur cette hausse que personne n’a vu venir. Vendue comme une surprise et reprise tel quel sur Lemonde.fr, l'information n'est pourtant pas toute fraîche : au lendemain de l'annonce du plan de rigueur par Fillon, Libération relevait par exemple cette hausse inopinée, qui devrait rapporter 1,7 milliard en 2012 et 3,4 milliards en 2013. L'Assemblée nationale a voté cette mesure le 1er décembre 2011. Le gel concerne également l'ISF et des droits de succession, mais aussi les prestations sociales, comme le soulignait France Soir à l'époque : "Pour la première fois, leur revalorisation ne tiendra pas compte de l’inflation, attendue à 1,7% en 2012. La hausse sera gelée à 1%, soit le niveau de la croissance prévue par le gouvernement. Concrètement, les allocations familiales pour trois enfants augmenteront en 2012 de 3 € au lieu de 6 €."

Cela dit, il y a des nouveautés dans l'article du Parisien, qui se fonde sur les simulations effectuées par le Syndicat national unitaire des impôts (Snui). Il propose une infographie simulant trois situations : le célibataire salarié, le couple sans enfant, le couple avec deux enfants. On y lit que les hausses s’étaleront de 1,17% pour un couple aisé sans enfants à 12,57% pour un célibataire. Même si ces simulations restent théoriques – il existe de nombreux moyens d’alléger son imposition – Le Parisien ajoute que "le gouvernement s’attend à engranger 1,7 Md € dans les caisses de l’Etat. Et le double en 2013, soit 3,4 Mds € (les prévisions n'ont donc pas changé depuis novembre, ndlr). A titre de comparaison, le passage de la TVA de 5,5 % à 7 % ne devrait rapporter «que» 1,8 Md € en 2012. Le gel du barème de l’IR n’est donc pas une «mesurette» !"

Dans un deuxième papier qui liste les effets en cascade inattendus, Le Parisien précise que la désindexation "frappera quasiment tous les contribuables", mais que les faibles revenus seront les plus touchés. Ainsi, en changeant de tranches, certains foyers pourront ne plus avoir accès aux tarifs sociaux (transports, cantine, centre de loisirs); de même, les personnes de plus de 75 ans qui bénéficiaient d’un dégrèvement sur la taxe foncière et la taxe d’habitation selon leur revenu fiscal de référence pourraient elles aussi passer à la caisse.

Cette augmentation, même si elle n'est pas un scoop, vient mettre à mal le discours du chef de l’Etat, qui assure ne pas être le président de la hausse d’impôt.