Fillon s'en prend au Canard

La rédaction - 3 février 2012 - 0 commentaires

Invité hier soir du grand oral politique de France 2, Des paroles et des actes, pour défendre les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy la semaine dernière (TVA sociale en tête), François Fillon en a profité pour régler ses comptes avec Le Canard Enchaîné.

Mardi , auprès des membres de sa famille politique, qu'il avait invités pour les galvaniser, Nicolas Sarkozy avait déclaré être "le suicidaire le plus en forme de France", pour répondre à ses détracteurs qui le donnaient conscient de sa propre et inéluctable défaite. Hier soir, c'est François Fillon qui a tenu à démentir son propre défaitisme. Dans la rubrique "La mare aux Canards" du Canard Enchainé de ce mercredi 1er février, un article prêtait en effet au Premier ministre un "coup de déprime". Selon l'hebdomadaire, le premier ministre aurait confié à des parlementaires UMP, en parlant de son opposition vis à vis de la TVA sociale : "J'ai beaucoup insisté, mais je suis un bon petit soldat : le Président a arbitré, et je me range à ses côtés. Après tout, j'apparaîtrai comme un homme courageux, associé à toutes les réformes dont la France avait besoin. Et puis j'ai envie de terminer mon mandat en bonne harmonie avec Nicolas." Manière de dire, selon le journaliste du Canard Enchainé, que "cette démarche est aussi pour Fillon une façon de laisser Sarko en première ligne, tout en jouant le jeu de manière à préserver ses chances pour 2017".

Mais s'il s'agit d'une stratégie de communication, et si Fillon tient visiblement à ce que son rejet de cette mesure se sache (il aurait déclaré en présence du chef de l'Etat qu'il s'agissait d'une"connerie", toujours selon Le Canard), on appréciera malgré tout la façon dont il a tenu à "régler un compte avec le Canard Enchainé" sur France 2.

Il a assuré que le journal lui attribue depuis cinq ans (soit depuis son entrée à Matignon) des propos qu'il n'a pas tenus. Il faut dire que le Premier ministre était épinglé pour une autre phrase, autrement plus gênante. "En petit comité", il aurait déclaré que Nicolas Sarkozy n'avait selon lui que deux chances sur dix d'être réélu.

picto Ce qu'il a démenti en plateau.

On notera néanmoins que François Fillon, qui n'est pas né de la dernière pluie, sait bien que Le Canard a comme principales sources des fuites internes aux formations politiques... Peut-être a-t-il lui-même, à certaines occasions, livré quelques confidences au journal.

Nous avions consacré une émission à l'ouvrage Le vrai Canard de Laurent Valdiguié et Karl Laske, qui soutenaient entre autres que l'hebdomadaire n'était pas le modèle d'indépendance qu'il assurait être.

(Jamel Benhassine)