la jeune fille à la fleur
Alain Korkos - - 0 commentaires
Le film The Lady, de Luc Besson, retrace la vie d'Aung San Suu Kyi, femme politique birmane, prix Nobel de la paix 1991. L'une des images emblématiques de cette bobine nous montre l'héroïne (interprétée par Michelle Yeoh) se dirigeant vers une troupe armée qui la met en joue :
Elle avance, ne s'arrête pas, traverse la haie de militaires immobiles :
Dans une bobine à caractère promotionnel, Luc Besson précise que cet épisode a véritablement eu lieu. Mais aucune photo ne fut prise à ce moment, et le cinéaste n'a pas pu se renseigner auprès d'Aung San Suu Kyi pour savoir comment s'était réellement déroulé cet événement. Il a, dit-il, obtenu des détails auprès de proches de témoins.
Ce qu'il ne dit pas, c'est que sa mise en scène est l'écho d'une photographie célèbre, celle que fit Marc Riboud devant le Pentagone à Washington DC le 21 octobre 1967, lors d'une manifestation contre la guerre du Vietnam :
Photo © Marc Riboud
Il existe deux autres images de ce moment, également capturées par Marc Riboud :
Photo © Marc Riboud
Photo © Marc Riboud
Ce geste n'était pas improvisé, pas unique non plus, d'autres photographies nous montrent qu'il était prémédité, organisé :
Photo © S.Sgt. Albert R. Simpson
Photo © Paul Conklin pour Time Magazine
Il fut ensuite répété lors d'autres manifestations contre la guerre du Vietnam, à Chicago en août 1968, notamment :
Photo D.R. extraite de Voices of the Chicago Eight: A Generation on Trial
Mais l'image emblématique, celle dont tout le monde se souvient, c'est celle de Marc Riboud, bien sûr.
Photo © Marc Riboud
La scène fut reproduite maintes fois. Deux exemples récents :
Manifestation à Casablanca, 2011 ? Photo D.R.
Manifestation à Madrid Photo © Arturo Rodriguez, 2011
Et un exemple plus ancien avec cette jolie image :
Paris, France, 2005. Évacuation à 7h du matin par les forces de police
d'un immeuble rue du Maroc dans le 19e arrondissement
Photo © Diane Grimonet
La bobine promotionnelle de Luc Besson à propos de cette scène :
L'occasion de lire ma chronique intitulée Pourquoi la photo d'une fillette au Vietnam nous parle encore, trente-cinq ans après.