Le pouvoir d'Air France sur la presse (Télérama)

Gilles Klein - - 0 commentaires

"La compagnie Air France est le plus gros client des éditeurs de journaux, à qui elle distribue chaque année des millions d'euros. Une manne qui crée parfois des turbulences dans les rédactions", explique une enquête de Télérama (qui semble toutefois avoir eu un peu de mal à rassembler des exemples étayés).

"Peu de gens le savent, mais Air France est la première acheteuse de presse en France. Chaque année, elle diffuse environ vingt-cinq millions de quotidiens et de magazines, une «attention » qui lui coûte, selon nos estimations, une vingtaine de millions d'euros. "

"Selon l'OJD, qui certifie la diffusion des journaux, Air France pèse «de 15% à 20%» des ventes de la presse quotidienne nationale."

"La compagnie use-t-elle de son poids pour faire pression sur les journaux ? Au Monde, les journalistes que nous avons interrogés démentent toute tentative d'influence de la part d'Air France, même diffuse. «Ils ne nous ont jamais emmerdés, confie l'un d'eux. En même temps, c'est peut-être aussi que nous n'avons jamais été très emmerdants pour eux. » Idem aux Echos, où on nous jure «qu'on peut y aller autant qu'on veut sur Air France»".

"Les relations peuvent se révéler parfois très conflictuelles, affirme Télérama. Comme avec Le Figaro, qui, dans plusieurs articles, a mis en avant l'erreur de pilotage de l'AF 447 (un élément, parmi d'autres, qui permet d'expliquer le crash). Suite à un papier qu'ils ont peu goûté, les pilotes d'Air France ont ainsi, le 4 août dernier, refusé de décoller avec Le Figaro à bord. Plus grave, le 29 mai, au lendemain de la publication du pré-rapport du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) sur l'AF 447, tous les quotidiens, à l'exception de La Croix, auraient été retirés en hâte des avions et salons Air France (...) Air France dément, tout comme elle nie avoir menacé de réduire ses achats du Figaro."

L'article rappelle aussi que "Pour avoir osé mettre en doute la confiance que portait Pierre-Henri Gourgeon [patron d'Air France] à son directeur de la communication, une journaliste de Capital a pourtant été attaquée en diffamation. Dans une lettre adressée à la direction de son journal, l'ex-patron d'Air France n'avait pas non plus hésité à demander sa tête. En vain."

Enfin, le magazine porte une accusation grave, mais n'a pas pas réussi à obtenir de détails précis : "Selon nos informations, la direction d'Air France n'aurait pas hésité, fin 2009 et début 2010, à demander et obtenir la suppression de certains articles du Figaro qu'elle devinait peu flatteurs." La direction du Figaro a démenti.

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