Karachi : Le Monde et mediapart contredisent la réaction de l'Elysée

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Alors que Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, proches de Nicolas Sarkozy, ont été mis en examen dans le cadre de l'affaire Karachi, l'Elysée a publié un communiqué ce jeudi, pour démentir tout lien entre cette affaire et le chef de l'Etat... Aussitôt,

Samuel Laurent, sur le Monde.fr, et Fabrice Arfi, sur Mediapart se sont livrés à un "fact-checking" express.

-"M. Sarkozy n'a jamais dirigé la campagne de M. Balladur." "Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole", assure tout d'abord le communiqué.

Mais Sarkozy n'en était pas seulement le porte-parole, souligne Samuel Laurent. "Il jouait un rôle de premier plan dans cette campagne. (...) Avec Nicolas Bazire, il était le conseiller politique le plus écouté du candidat Balladur. Le journal Les Echos écrivait à l'époque : "Depuis qu'il s'est déclaré candidat, Edouard Balladur réunit chaque semaine un comité politique. Quatre hommes y siègent systématiquement : Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua, François Léotard et François Bayrou."

- "S'agissant de l'affaire dite de 'Karachi', le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger", assure encore le communiqué de l'Elysée.

Là encore, Mediapart et leMonde.fr. mettent en doute cette affirmation. Arfi s'étonne que l'Elysée puisse assurer "de manière aussi péremptoire", que le nom du chef de l'Etat n'apparait dans aucun élement du dossier, et qu'il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier : "Nicolas Sarkozy n'est ni mis en examen ni partie civile dans cette affaire ; en théorie, il n'a donc pas accès à la procédure", souligne Arfi.

En outre, cette affirmation de l'Elysée est un "mensonge", s'insurge Médiapart. Arfi cite un document - dont parle Mediapart dans un article publié hier - qui fait mention de la participation fin 1994 de Nicolas Sarkozy dans la constitution, au Luxembourg, d'une société écran dela DCN, baptisée Heine, par laquelle ont transité les commissions occultes de l'une des ventes d'armes aujourd'hui dans le viseur des juges. Nicolas Sarkozy était alors le ministre du budget du gouvernement Balladur. Ces commissions, versées notamment à Ziad Takieddine, sont soupçonnées d'avoir donné lieu à des rétrocommissions, un retour d'une partie de l'argent en France, où il aurait financé la campagne de M. Balladur.

"Dans un rapport de synthèse du 19 janvier 2010, la police luxembourgeoise écrira d'ailleurs : "Un document (...) fait état de l'historique et du fonctionnement des sociétés Heine et Eurolux (société jumelle de Heine, NDLR). Selon ce document, les accords sur la création des sociétés semblaient venir directement de M. le Premier ministre Balladur et de M. le ministre des Finances Nicolas Sarkozy", cite Mediapart.

Le Monde.fr précise également que Sarkozy a été cité à plusieurs reprises. "Notamment car il a fait l'objet, comme d'autres dirigeants de la majorité, de lettres de chantage adressées par un ancien dirigeant de Heine, Jean-Marie Boivin. Celui-ci aurait cherché à obtenir des compensations financières, au moyen de missives menaçant de "faire des révélations". Un dirigeant de la Direction des constructions navales (DCN), M. Menayas, a témoigné devant le juge Van Ruymbeke que M. Boivin "envoyait des courriers d'abord à l'entreprise, puis à des responsables de l'Etat français, voire à M. Sarkozy lui-même avant qu'il ne soit président". Il réclamait huit millions d'euros."

- "D'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure", affirme enfin l'Elysée. "Cet élément n'a pas été relevé par les journalistes ayant eu accès aux pièces de la procédure. Mais il apparaît bel et bien que, hostile ou non à ce contrat, M. Sarkozy a autorisé, en tant que ministre du budget, la création de Heine", souligne le site du Monde.

Retrouvez notre dossier sur l'Affaire Karachi.

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