Guéant/Libé : les coulisses de "l'interrogatoire"

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Surprise à la Une de Libé ce vendredi 16 septembre : Claude Guéant a répondu aux questions du quotidien, pas particulièrement bienveillant à son égard. Des questions précises et des réponses courtes à la manière d'un interrogatoire, comme l'a titré Libé. En page deux, le journal raconte dans son making of les conditions dans lesquelles cette interview inattendue a été réalisée.



Il y a apparemment deux méthodes pour attirer Claude Guéant dans ses colonnes : se faire son porte-voix, comme Le Figaro, ou lui taper dessus sans ménagement. C'est la méthode Libé. "Les relations entre Libération et Claude Guéant sont, selon les mois, mauvaises ou exécrables", explique dans son édito le directeur de la rédaction, Nicolas Demorand. Exemple : "Lundi encore, en marge d’une visite à grand spectacle du ministre sur les Champs-Elysées, une de nos journalistes se voyait refuser l’entrée d’une conférence de presse à laquelle les autres médias étaient conviés." Que ce soit sur l'affaire des fadettes du journaliste du Monde, l'existence d'un "cabinet noir" à l'Elysée chargé d'allumer des contre-feux en pleine affaire Bettencourt ou plus récemment sur ses liens avec des intermédiaires à la réputation sulfureuse (Bourgi, Dhjouri et Takieddine), Claude Guéant n'est jamais épargné par Libération.

Alors comment le journal a-t-il obtenu une interview du ministre ? C'est la Une de mercredi, sur "les agents troubles de Sarkozy" avec Bourgi, Dhjouri et Takieddine, "qui a fait déborder le vase", raconte Libé. Le ministre de l'Intérieur a appelé le quotidien pour signifier qu'il était prêt à répondre aux questions des journalistes, exercice qu'il avait toujours refusé jusqu'à présent.

Dans une ambiance tendue, Claude Guéant a d'abord voulu mettre les choses au point, raconte le journal dans son making of : "Avant la première question, il s’emporte presque… «Dans vos articles à mon propos, il y a beaucoup d’approximations, d’insinuations. On peut reprendre tout dans le détail, tout est faux. Donc je veux bien que la parole soit donnée à la défense que je suis.» Pas le temps de lui dire que nous sommes là pour l’interroger qu’il coupe : «La dernière fois que j’avais été choqué, je vous avais fait une lettre que vous avez démentie. Quand on dit que j’animais un cabinet noir à l’Elysée, c’est absolument faux. Il n’y a jamais eu de cabinet noir à l’Elysée. Quand on dit que j’ai donné des instructions pour qu’on cherche les sources d’un journaliste, c’est faux. Ce n’est pas plaisant et ce n’est pas correct.» La tirade se termine, mais le ministre ne se détend pas. Durant près d’une heure et demie, il va répondre à nos questions".

Sur l'interview en elle-même, le discours de Guéant est bien rodé. L'affaire des fadettes du journaliste du Monde ? Guéant répète qu'il n'était pas au courant mais se refuse de condamner qui que ce soit tant qu'il n'y a pas de décision de justice. Un cabinet noir à l'Elysée ? Il n'y en a jamais eu. Et ces intermédiaires à la réputation sulfureuse ? Guéant confirme qu'il les connaît. Mais à chaque fois que les questions se font plus pressantes sur les activités obscures des intéressés, Guéant botte en touche et affirme qu'il n'est pas au courant.

Seule évolution de taille dans son discours : depuis la mise en examen de Ziad Takieddine, soupçonné de malversations financières et de financement politique occulte dans le cadre d'un contrat d'armement, Guéant prend ses distances. "C’est vrai que concernant Takieddine, il apparaît aujourd’hui qu’il a fait des choses que la loi et la morale réprouvent, mais pour les autres, je ne dirais pas qu’ils sont «peu recommandables» parce que je ne le sais pas."

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