un gars, une fille, et des flingues

Alain Korkos - - 0 commentaires

Les affiches de films se ressemblent souvent, on le sait. Rien de plus facile, en effet, que vendre une bobine avec un visuel ressemblant au visuel d'une autre bobine dont on sait qu'elle a fait un nombre confortable d'entrées, ainsi que de bonnes ventes en dévédé.

Prenons un film très récent, L'Ange du Mal de Michele Placido. Cette bobine est sortie sur nos écrans il y a une semaine, le 7 septembre 2011 :

Son affiche fait, en gros, partie de la famille assez large des affiches en noir-rouge-blanc-avec-un-gars-pas-content-qui-tient-un-flingue-et-parfois-y-a-une-fille. Un peu comme ce joli triplé, sorti en février-mars 2011 (dont il avait été question par là) :

Un peu aussi comme La Proie d'Éric Valette, sorti un mois plus tard comme par hasard, en avril 2011 :

Notez bien : en noir et rouge, un gars, une fille, un flingue, une chaussée avec des voitures et un pont (ou plus exactement une route surélevée). On en verra d'autres.

Cela dit, l'affiche de L'Ange du Mal a également une soeur aînée et des cousines, auxquelles elle est plus directement rattachée.

Commençons par la soeur aînée : We Own the Night de James Gray, apparue en 2007 :

Même ambiance urbaine nocturne, le gars en noir avec un flingue, la fille en rouge, un pont et la typographie du titre sur deux lignes, en gris métallisé.

En France, ce film s'appelle La Nuit nous appartient. Son affiche est différente, tout y est penché  : 

Cette lumineuse idée est très directement apparentée à La Peur au ventre (Running Scared) de Wayne Kramer, sorti l'année d'avant en 2006 :

Trois gars à gauche, le premier portant un flingue, la fille à droite, la chaussée, la nuit, une voiture, le titre sur deux lignes, tout est identique hormis la couleur.

Pas mal, le mélange de noir-brun et de jaune-sépia. En 2007, Blue Blood (If I Didn't Care), de Ben Cummings, reprendra l'idée de la couleur ainsi que la disposition des personnages, toujours des gars, toujours des filles, des flingues, la rue, et des traits de lumière pour faire joli, et le pont (ah le revoilà !) et un titre écrit avec des lettres imprimées individuellement sur des espèces de cartes  :

L'année suivante, en 2008, paraît Rocknrolla de Guy Ritchie. Mêmes couleurs, même disposition des personnages inclinés, des filets de lumière en plus grand nombre et une typographie tout à fait semblable dans le principe :

Si on récapitule, ça donne ceci :

Voilà. C'était l'une des recettes exploitées jusqu'à l'os pour vendre une bobine, celle qu'on appelle Un gars-une-fille-et-des-flingues-dans-les-rues-de-la-ville-sauvage-et-inhospitalière-avec-une-voiture-et-un-pont-et-des-fois-ça-penche.


L'occasion de lire ma chronique intitulée Peur sur la ville, ou la guerre à Paris.

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